
Paris, le mercredi 25 août 2021 – Entré en vigueur le 9 août
dernier, le passe sanitaire, désormais nécessaire pour de
nombreuses activités de la vie quotidienne, doit faire face à des
fraudes et divers couacs.
La fraude peut se retourner contre ses auteurs
Il y a tout d’abord le problème assez classique de la fraude.
Les établissements contrôlant le passe sanitaire n’étant pas
autorisé à contrôler l’identité de leurs clients, il est assez
facile pour les récalcitrants d’emprunter le QR code d’un ami
vacciné. Comme ils l’expliquent dans un article du 24 juillet
dernier, les journalistes du service CheckNews de Libération
ont pu vérifier qu’il était très aisé d’enregistrer le QR code d’un
tiers sur son application TousAntiCovid et qu’il est même possible
de télécharger des QR code en ligne. Le ministre de la Santé
Olivier Véran lui-même s’en était ému, expliquant que le passe
sanitaire était moins bien protégé qu’un code Netflix.
Un vacciné contaminé conserve son passe sanitaire !
Au-delà de la fraude, le passe sanitaire se retrouve également
confronté à des problèmes techniques et, plus grave encore sans
doute, à des incohérences. En effet, la vaccination ne protège que
partiellement contre le risque de contamination. De là une question
: une personne doublement vaccinée mais testée positive
conserve-t-elle son passe sanitaire ? La réponse est oui, un test
positif ne provoque aucune suspension du passe sanitaire. Une
information confirmée par le ministère de la Santé aux journalistes
du service CheckNews de Libération. Si un sujet
contaminé doit en principe s’isoler 10 jours, rien ne l’empêche
donc en pratique de se rendre dans un café ou un cinéma. Une
situation quelque peu problématique alors que le gouvernement
voulait faire des lieux soumis au passe sanitaire « des
sanctuaires vis-à-vis de l’épidémie ».
Autre question qui reste pour l’instant sans réponse :
faudra-t-il un jour une troisième dose pour bénéficier du passe
sanitaire ? Alors que la campagne de rappel vaccinal débutera lundi
prochain, le ministère de la santé a expliqué que cette nouvelle
injection n’était pas nécessaire « à ce stade » pour que les
sujets de plus de 65 ans qui seront très prochainement éligibles à
la troisième dose (14 millions de personnes environ) conservent
leur passe sanitaire. Dans une épidémie où les règles évoluent
fréquemment, ce « à ce stade » n’est guère très rassurant.
L’exécutif peut tout de même se consoler en se rappelant que
la France n’est pas le seul pays à devoir gérer des
dysfonctionnements ou faire face à des fraudeurs, même s’ils n’ont
pas toujours les mêmes motivations.
Ainsi, à Rio de Janeiro, un homme a profité de la
désorganisation des services de santé pour se faire vacciner…à cinq
reprises. Un précurseur sans doute.
Quentin Haroche