Covid-19 : le CNRS rappelle à l’ordre ses chercheurs (mais sans nommer le principal concerné)

L’intéressé se reconnaitra-t-il ? Dans un communiqué au ton ferme publié le mardi 24 août, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a rappelé à l’ordre les scientifiques qui s’expriment publiquement « sur des sujets éloignés de leurs champs de compétences professionnelles » comme « par exemple sur la vaccination contre le Covid-19 ».

Dans une accroche acide, le CNRS déplore « les prises de position publiques de certains scientifiques, souvent plus soucieux d’une éphémère gloire médiatique que de vérité scientifique » rappelant notamment que les communications en question « ne respectent en effet aucune des règles en vigueur dans le cadre de publications scientifiques, notamment le jugement par les pairs, seuls à même de contrôler la rigueur de la démarche ».

Le ton ferme mais une main qui tremble ?

Si le rappel à l’ordre est collectif tout le monde s’accorde à dire que le communiqué vise l’un des directeurs de recherche en sociologie de l’institution, Laurent Mucchielli, qui a publié depuis mars 2020 pas moins de soixante-trois analyses consacrées à la crise sanitaire sur son blog hébergé par Médiapart, dont l’une a été dépubliée le 4 août dernier par la rédaction au motif qu’elle diffusait de fausses informations.

Le sociologue, spécialiste de la délinquance et des politiques de sécurité, y affirmait au côté d’autres signataires, dont deux pharmaciens et un médecin, que la vaccination de masse contre le Covid-19 avait conduit à « une mortalité inédite dans l’histoire de la médecine moderne » en se basant sur une analyse erronée reposant sur des biais aisément identifiables.

Au sein de l’institution, la prise de position du sociologue avait provoqué la stupeur de ses pairs. « On s’est dit qu’il pétait les plombs » résume à Marianne un collègue de Laurent Mucchielli, s’exprimant sous couvert de l’anonymat.

Le 19 août dernier, huit sociologues dont le spécialiste du complotisme Gérald Bronner publiaient dans Le Monde une tribune intitulée « La sociologie ne consiste pas à manipuler des données pour étayer une position idéologique ». Le texte dénonçait notamment « une faute de raisonnement qui ferait sourire de la part d’étudiants en première année mais qui, commise par un chercheur au CNRS, constitue une démonstration d’incompétence professionnelle » et appelait à une réaction « ferme » du CNRS face à une publication « de nature complotiste ».

Des sanctions envisagées ?

Interrogé par Le Monde, Laurent Mucchielli se défend estimant que « La science repose sur le débat contradictoire, la libre discussion des données et des raisonnements » avançant l’idée selon laquelle « Le CNRS ne s’en serait jamais inquiété s’il n’avait pas été harcelé par mes détracteurs ».

Il reste que, comme l’avaient souligné les auteurs de la tribune publiée le 19 août dernier, la publication par un chercheur du CNRS de « balivernes » constitue pour les complotistes un formidable argument d’autorité.

C.H.

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Vos réactions (4)

  • J'ai honte

    Le 25 août 2021

    Un chercheur en sociologie du CNRS (spécialiste de la délinquance!!) qui s'exprime sur la vaccination sur un blog hébergé par Mediapart, lequel Mediapart refuse de publier une de ses contributions pour diffusions de fausses informations, lequel "chercheur" affirmant que la vaccination avait conduit à une "mortalité inédite dans l'histoire de la médecine moderne"...
    Pourquoi la main du CNRS tremble t-elle devant cet individu ?

    Le CNRS est un fleuron de la recherche française financé par l'Etat (c'est à dire tous les français).
    Comme médecin, comme citoyen contributeur, comme petit-fils d'un directeur du CNRS, j'ai honte.

    Dr Thibault Heimburger


  • Le CNRS est à présent " woke "

    Le 29 août 2021

    On reconnaît la rhétorique de la « nouveauté épistémologique » institutionnalisée sous la plume du directeur du CNRS, Antoine Petit, quand il écrit dans la préface du livre de Pascal Blanchard et al., Sexualité, identité & corps colonisés, Éditions du CNRS, 2019. : « La « race » devient la nouvelle grille de lecture du monde sur laquelle s’intègre la grille du genre, et qui s’articule à la hiérarchie homme/femme : aux colonies, le plus petit des « Blancs », sur l’échelle sociale, sera toujours plus grand que n’importe quel colonisé, surtout s’il s’agit d’une femme ».

    Les représentants du personnel universitaire que sont les présidents d’université font un procès à F. Vidal pour l’emploi du mot « islamogauchisme » qu’ils renvoient « aux propos de comptoir ». Ce déni de la réalité, que constatent de nombreux collègues, ne peut que surprendre de la part de ceux qui sont censés savoir ce qui se passe sur le terrain. Leur renvoi à « l’extrême droite » relève du même simplisme manichéen que la dichotomie décoloniale : tous ceux qui ne sont pas d’accord avec nous sont à l’extrême droite. C’est un procédé rhétorique éculé utilisé pour refuser tout débat n’est pas digne de la haute instance universitaire. On ne voit pas, d’ailleurs, en quoi le terme « extrême droite » serait plus scientifique que « islamogauchisme ».
    Yana Grinshpun http://decolonialisme.fr/?p=2686

    Dr Alexandre Krivitzky

  • Tort ou raison ?

    Le 30 août 2021

    Lorsque tout le monde pense la même chose, cela devient grave, surtout dans le monde scientifique! Toutes les catastrophes, en l’absence de discussion argumentée, commencent et se terminent comme cela!

    Dr Jean-Paul Vssse

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