Assistance médicale à la procréation : n'attendez pas trop, messieurs !

L'équipe du Centre for Reproductive and Genetic Health de Londres a étudié l'impact de l'âge paternel, indépendamment de l'âge de la mère, sur les résultats de l'assistance médicale à la procréation (AMP), soit par fécondation in vitro, soit par injection intra-cytoplasmique. Il est bien connu que la qualité du sperme décroît avec l'âge. Cependant, il existe des incertitudes sur l'influence de l'âge paternel sur les résultats de l'AMP.

Plusieurs études, rétrospectives ou prospectives, ont montré que l'âge plus élevé du père augmente le risque d'avortements spontanés et diminue les chances d'obtenir une naissance vivante, tandis que d'autres travaux n'ont pas relevé d'effet délétère. Certaines études sur le don d'ovocytes semblent exclure un rôle indépendant de l'âge paternel sur les chances de réussite d'AMP. Et s'il existe une relation entre âge paternel et perte de chance de succès des AMP, on ignore à partir de quelle limite.

La présente étude a été menée de façon rétrospective dans un seul centre d'AMP. Elle a inclus des couples présentant une infertilité primaire ou secondaire et bénéficiant d'une AMP avec utilisation de sperme frais. Ont été exclus de l'analyse les cycles avec don d'ovocytes ou de sperme, sperme congelé ou diagnostic pré-implantatoire.

Les résultats tenaient compte du taux de naissances vivantes, du taux de grossesses et des avortements spontanés.

50 ans, l'âge charnière…

L'étude a porté sur 4 833 cycles, incluant 4 271 hommes ; 41 % de ces cycles (1 974 sur 4 833) ont abouti à une naissance vivante.

Le standard de qualité du sperme était défini par les critères de l'OMS. Au-delà de 51 ans, 42,1 % des hommes avaient un sperme réunissant les critères de qualité (56/133, 42,1 %, intervalle de confiance à 95 % IC95 : 34,1 – 50,61), alors que ce pourcentage était de 61,1 % avant 51 ans (2 530/4 138, IC95 : 60,0 – 62,61). Cette différence était significative (p = 0,001).

La probabilité d'obtenir une naissance vivante diminuait à partir d'un âge paternel de 50 ans (Odds Ratio OR = 0,674 ; IC95 : 0,482 – 0,943 ; p = 0,021), et ceci indépendamment de l'âge de la mère (analyse multivariée avec groupes d'âge maternel).

En revanche, l'âge paternel au-delà de 50 ans n'était pas un facteur prédictif de fausse couche (OR = 0,678 ; IC95 : 0,369 – 1,250 ; p = 0,214).

Les auteurs suggèrent donc de diffuser cette information pour inciter les hommes à ne pas trop attendre avant d'envisager une paternité.

Dr Charles Vangeenderhuysen

Référence
Morris G et coll. : Paternal age over 50 years decreases assisted reproductive technology (ART) success: a single UK center retrospective analysis. Acta Obstet Gynecol Scand., 2021 ; publication avancée en ligne le 17 août. DOI : 10.1111/aogs.14221

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article