
Menlo Park, le samedi 28 août 2021 – Les relations entre le
président des Etats-Unis Joe Biden et Facebook sont devenues
électriques cet été. Interrogé sur son sentiment à propos du réseau
social le plus connu du monde, Joe Biden avait en effet sévèrement
répondu qu’à ses yeux « il tue des gens », en faisant
référence à la circulation de fausses informations sur les
vaccins.
Petits chats en vacances…
Evidemment, le fondateur de Facebook n’avait guère apprécié la
charge et affirmé « Les faits montrent que Facebook aide à
sauver des vies, un point c'est tout ». Au-delà de cette
incantation, depuis plusieurs mois, l’entreprise met en avant le
travail qu’elle effectue pour contrer les fakenews, même si parfois
ce travail connaît quelques ratés (quand les algorithmes ne
distinguent pas entre fausse information et décryptage). La semaine
dernière, la publication d’un rapport sur les pages les plus
consultées sur Facebook entre avril et juin devait être un nouvel
outil pour déconstruire sa mauvaise réputation. On y découvrait
d’abord que la plupart du temps (87 % des contenus affichés dans le
fil d’actualité), les utilisateurs de Facebook aux Etats-Unis ne
partagent pas de lien mais des photos d’eux et de leur famille et
des commentaires sur leur vie. En outre, quand ils s’échangent des
« liens », c’est pour renvoyer vers l’Unicef, des sites de
recettes de cuisine ou d’images de chat.
… mais pas seulement
Voilà qui corrigeait l’image de Facebook comme temple des
complotistes. Mais peu après la publication de ce rapport très
rassurant, le New York Times révélait qu’un précédent bilan,
concernant pour sa part le premier trimestre comportait des
conclusions bien moins rassurantes. Il apparaît en effet qu’au
début de l’année, le lien le plus consulté via Facebook fut un
article du Chicago Tribune dont le titre annonçait : « Un
médecin en bonne santé meurt deux semaine après avoir reçu le
vaccin contre la Covid-19 : les CDC enquêtent ». Ainsi, 54
millions de comptes Facebook ont au moins « vu » le titre de
ce document. Si ce dernier ne peut être considéré comme une «
fakenews » à proprement parler (puisque peu après le Chicago
Times corrigea en indiquant que la piste d’un lien avec le vaccin
avait pu être écartée), on perçoit bien que les utilisateurs de
Facebook ne sont pas aussi désintéressés par la marche du monde que
certains voudraient le faire croire. D’ailleurs, l’absence de
publication du rapport démontre bien la confusion du réseau social.
Celui-ci a expliqué après la révélation du New York Times : «
Nous avons envisagé de publier le rapport (du premier trimestre)
plus tôt cette année mais comme nous savions l'attention qu'il
susciterait, (...) nous voulions effectuer des réparations dans le
système ». Ainsi, Facebook refuse-t-il d’admettre que la
multiplication des messages et la liberté des internautes empêchent
nécessairement un réel contrôle… quitte à jouer avec la
transparence.
Aurélie Haroche