
L’obligation vaccinale toujours en suspens
Pourtant, aujourd’hui, le gouvernement n’ignore pas que l’impact de cet outil commence à s’essouffler. D’ailleurs, ces deux dernières semaines ont été clairement marquées par un ralentissement du rythme des premières injections, qui ne peut être uniquement expliqué par la torpeur du mois d’août. Aussi, l’exécutif continue à réfléchir à l’utilisation d’autres méthodes, avec en ligne de mire les 7 millions de Français éligibles à la vaccination et qui n’ont pas encore été vaccinés et plus certainement parmi eux les 2 millions de sujets fragiles. Les concernant, la possibilité d’une obligation n’est pas écartée. Hier, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, invité du Grand Jury RTL/Le Monde a confirmé « Ça peut venir à un moment », rappelant qu’Emmanuel Macron l’avait évoquée lors de son allocution du 12 juillet.Aller vers : un million de Français vaccinés ?
Cependant, pour l’heure, les autorités semblent plutôt vouloir se concentrer sur les méthodes « d’aller vers » dont on a souvent ressenti qu’elles étaient un des points faibles de la stratégie française, par rapport par exemple à des pays comme l’Espagne ou la Grande-Bretagne, ce qui pénalise la vaccination des plus âgés. Pour démentir cette image trop souvent véhiculée selon lui, Gabriel Attal a indiqué qu’un million de Français avaient été vaccinés grâce à un démarchage actif, des opérations de porte-à-porte, des rencontres dans des lieux sociaux. Ce type de programmes est souvent mené par des professionnels de santé et des associations et demande des investissements importants.Enfin l’opt-out !
Aujourd’hui, dans cette même perspective, le gouvernement incite les médecins généralistes à renforcer leur implication. Ainsi, lors de son point hebdomadaire dédié à la vaccination, Olivier Véran a exhorté : « J'invite les médecins à appeler tous leurs patients non vaccinés pour les convaincre ». « Notre priorité est de vacciner les deux millions de Français fragiles, âgés, malades, qui ne sont pas encore immunisés », a-t-il encore insisté. Il a précisé que ces sujets allaient recevoir en septembre des courriers ciblés, les convoquant à un rendez-vous vaccinal près de chez eux (sans que le rendez-vous soit obligatoire).Liste des patients non vaccinés : un outil imparfait
Le message adressé aux médecins généralistes n’est pas nouveau. D’ailleurs, selon un décompte arrêté le 5 août par l’Assurance maladie, plus de 13 000 médecins avaient demandé à recevoir la liste de leurs patients non vaccinés. Si ce nombre est élevé, le dispositif n’est pas sans connaître quelques ratés. Les témoignages remontés par les syndicats ont ainsi signalé des retards de transmission ou des listes imparfaites (comportant par exemple les enfants ou des personnes décédées). Par ailleurs, il apparaît que certains médecins avaient déjà établi leur propre bilan. De fait, les praticiens n’ont pas attendu ce dispositif pour dans leur grande majorité s’engager pleinement dans l’incitation à la vaccination. Dans ce cadre, le fait de pouvoir proposer le vaccin Moderna (et non plus seulement l’AstraZeneca) a permis de considérablement booster la vaccination en cabinet de ville.Vers une épidémie d’arrêts maladies de complaisance ?
Cependant, aujourd’hui, ce ne sont pas seulement leurs
patients non vaccinés qui préoccupent les médecins généralistes
mais aussi les demandes d’arrêts de maladies prolongés qui affluent
de la part de salariés soumis à partir d’aujourd’hui au passe
sanitaire et qui ne souhaitent ni se faire vacciner, ni être soumis
à des tests à répétition (d’autant plus que ces derniers seront
bientôt payants !). Conscients de ce « risque », l’Assurance
maladie et le ministère de la Santé ont déjà annoncé qu’ils
allaient renforcer les contrôles pour démasquer les « arrêts
maladie de complaisance ». Cette perspective inquiète les
médecins généralistes qui redoutent des investigations trop
intrusives. Ainsi MG France a déjà prévenu : « Les médecins
généralistes seront certainement sollicités pour ces demandes qui
pourraient se multiplier. Placés dans cette situation pour le moins
inconfortable et délicate, car de véritables arrêts de travail
peuvent se justifier dans de rares cas, ils pourront compter sur le
soutien de MG France s’ils sont injustement menacés, soit par des
patients mécontents voire agressifs, soit par les autorités. MG
France ne saurait cautionner une action militante anti-vaccination
qui se traduirait par l’usage de certificats de complaisance. Mais
des situations complexes peuvent survenir chez ces patients. Les
médecins généralistes qui les prennent en charge ne doivent être
inquiétés en aucune manière pour cela », écrit le
syndicat.
A.H.