Arrêts de travail de salariés soumis au passe sanitaire: les MG entre deux feux

Paris, le lundi 30 août 2021 – Avec seulement quelques jours de retard, l’objectif fixé par le gouvernement et le Président de la République de compter 50 millions de Français vaccinés à la fin du mois d’août devrait être rempli. C’est une victoire pour l’exécutif dont la gestion de la crise sanitaire et de la campagne vaccinale a été si souvent critiquée. Aujourd’hui, le gouvernement peut se féliciter que la France figure parmi les pays connaissant les taux de vaccination les plus élevés du monde. Dans l’esprit des autorités et de nombre d’observateurs cette réussite est indissociable de la mise en place du passe sanitaire.

L’obligation vaccinale toujours en suspens

Pourtant, aujourd’hui, le gouvernement n’ignore pas que l’impact de cet outil commence à s’essouffler. D’ailleurs, ces deux dernières semaines ont été clairement marquées par un ralentissement du rythme des premières injections, qui ne peut être uniquement expliqué par la torpeur du mois d’août. Aussi, l’exécutif continue à réfléchir à l’utilisation d’autres méthodes, avec en ligne de mire les 7 millions de Français éligibles à la vaccination et qui n’ont pas encore été vaccinés et plus certainement parmi eux les 2 millions de sujets fragiles. Les concernant, la possibilité d’une obligation n’est pas écartée. Hier, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, invité du Grand Jury RTL/Le Monde a confirmé « Ça peut venir à un moment », rappelant qu’Emmanuel Macron l’avait évoquée lors de son allocution du 12 juillet.

Aller vers : un million de Français vaccinés ?

Cependant, pour l’heure, les autorités semblent plutôt vouloir se concentrer sur les méthodes « d’aller vers » dont on a souvent ressenti qu’elles étaient un des points faibles de la stratégie française, par rapport par exemple à des pays comme l’Espagne ou la Grande-Bretagne, ce qui pénalise la vaccination des plus âgés. Pour démentir cette image trop souvent véhiculée selon lui, Gabriel Attal a indiqué qu’un million de Français avaient été vaccinés grâce à un démarchage actif, des opérations de porte-à-porte, des rencontres dans des lieux sociaux. Ce type de programmes est souvent mené par des professionnels de santé et des associations et demande des investissements importants.

Enfin l’opt-out !

Aujourd’hui, dans cette même perspective, le gouvernement incite les médecins généralistes à renforcer leur implication. Ainsi, lors de son point hebdomadaire dédié à la vaccination, Olivier Véran a exhorté : « J'invite les médecins à appeler tous leurs patients non vaccinés pour les convaincre ». « Notre priorité est de vacciner les deux millions de Français fragiles, âgés, malades, qui ne sont pas encore immunisés », a-t-il encore insisté. Il a précisé que ces sujets allaient recevoir en septembre des courriers ciblés, les convoquant à un rendez-vous vaccinal près de chez eux (sans que le rendez-vous soit obligatoire).

Liste des patients non vaccinés : un outil imparfait

Le message adressé aux médecins généralistes n’est pas nouveau. D’ailleurs, selon un décompte arrêté le 5 août par l’Assurance maladie, plus de 13 000 médecins avaient demandé à recevoir la liste de leurs patients non vaccinés. Si ce nombre est élevé, le dispositif n’est pas sans connaître quelques ratés. Les témoignages remontés par les syndicats ont ainsi signalé des retards de transmission ou des listes imparfaites (comportant par exemple les enfants ou des personnes décédées). Par ailleurs, il apparaît que certains médecins avaient déjà établi leur propre bilan. De fait, les praticiens n’ont pas attendu ce dispositif pour dans leur grande majorité s’engager pleinement dans l’incitation à la vaccination. Dans ce cadre, le fait de pouvoir proposer le vaccin Moderna (et non plus seulement l’AstraZeneca) a permis de considérablement booster la vaccination en cabinet de ville.

Vers une épidémie d’arrêts maladies de complaisance ?

Cependant, aujourd’hui, ce ne sont pas seulement leurs patients non vaccinés qui préoccupent les médecins généralistes mais aussi les demandes d’arrêts de maladies prolongés qui affluent de la part de salariés soumis à partir d’aujourd’hui au passe sanitaire et qui ne souhaitent ni se faire vacciner, ni être soumis à des tests à répétition (d’autant plus que ces derniers seront bientôt payants !). Conscients de ce « risque », l’Assurance maladie et le ministère de la Santé ont déjà annoncé qu’ils allaient renforcer les contrôles pour démasquer les « arrêts maladie de complaisance ». Cette perspective inquiète les médecins généralistes qui redoutent des investigations trop intrusives. Ainsi MG France a déjà prévenu : « Les médecins généralistes seront certainement sollicités pour ces demandes qui pourraient se multiplier. Placés dans cette situation pour le moins inconfortable et délicate, car de véritables arrêts de travail peuvent se justifier dans de rares cas, ils pourront compter sur le soutien de MG France s’ils sont injustement menacés, soit par des patients mécontents voire agressifs, soit par les autorités. MG France ne saurait cautionner une action militante anti-vaccination qui se traduirait par l’usage de certificats de complaisance. Mais des situations complexes peuvent survenir chez ces patients. Les médecins généralistes qui les prennent en charge ne doivent être inquiétés en aucune manière pour cela », écrit le syndicat.

Cette rentrée qui pourrait être placée sous le signe de feux contradictoires s’ajoute aux autres préoccupations des médecins généralistes et notamment la persistance d’un niveau élevé de contamination, même si en métropole, la quatrième vague n’a pas entraîné de pic d’hospitalisations semblable aux précédentes.

A.H.

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