Victoire majeure des opposants à l’avortement devant la Cour Suprême aux Etats-Unis

Dallas, le jeudi 2 septembre 2021 - A l’image d’un pays fracturé sur cette question sensible, c’est une Cour Suprême divisée qui a refusé, par cinq voix contre quatre, de suspendre une loi du Texas qui interdit de fait l’avortement après six semaines de grossesse, même en cas de viol ou d’incestes.

Une loi inédite qui délègue aux citoyens le pouvoir des poursuites

Jusqu’alors, le droit à l’avortement semblait quasiment protégé par l’arrêt Roe v. Wade de 1973, qui avait légalisé la pratique à l’échelle des États-Unis, en le faisant relever d’un droit à la vie privée, protégé par le 14e amendement de la Constitution. En 1992, l’arrêt Planned Parenthood v. Casey avait étendu le droit à l’avortement tant que le fœtus n’était pas considéré comme viable, soit jusqu’à 22 à 24 semaines de grossesse.

Ces dernières années, de nombreux États conservateurs du sud ont tenté sans succès de revenir sur le principe par l’introduction de législations plus restrictives.

Mais le Texas Senate Bill 8 promu par le gouverneur conservateur Greg Abott ne vise pas à interdire purement et simplement l’avortement, mais à autoriser les citoyens à poursuivre les structures, organisations ou quiconque qui « aiderait et encouragerait » une femme à avorter.

La Cour Suprême refuse de bloquer la loi

Parce que le Texas Senate Bill 8 remet la responsabilité des poursuites entre les mains des citoyens, la question de savoir si les tribunaux fédéraux sont compétents pour juger de l’inconstitutionnalité de la loi est devenu la source d’un débat judiciaire.

En urgence, plusieurs associations de défense du droit des femmes avaient formulé une demande devant la Cour Suprême pour demander le blocage de l’entrée en vigueur du texte.

Mais devant « des questions de procédures complexes et nouvelles » la Cour Suprême a refusé de suspendre l’entrée en vigueur de la loi, dans l’attente d’une nouvelle étude du texte sur le fond. La décision a été prise à une courte majorité des cinq juges conservateurs, dont trois avaient été choisis par l’ancien président Donald Trump. Le chef de la cour, John Roberts, un conservateur modéré nommé par George W. Bush, tout comme les trois magistrats progressistes, a fait savoir qu’il aurait bloqué cette loi « sans précédent », en attendant un examen de fond.

La juge progressiste Sonia Sotomayor a jugé la décision « stupéfiante » et reproché à ses confrères de « se mettre la tête dans le sable » face à une loi « imaginée pour empêcher les femmes d’exercer leurs droits constitutionnels et pour échapper à un examen en justice ».

Révolution conservatrice ?

Désormais, et dans l’attente d’un nouvel examen, l’accès à l’avortement devient quasiment impossible dans l’État du Texas. Selon les opposants à la loi, 85 % des avortements ont lieu après six semaines de grossesse.

La politique d’intimidation à l’encontre des associations du planning familial est également susceptible de réduire le droit d’accès à l’IVG. La loi prévoit notamment que les associations devront supporter les frais de justice, y compris en cas de victoire, étant précisé qu’elles pourraient même faire l’objet de plusieurs actions en justice pour le même avortement.

C.H.

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