Démographie : comment faire face à la vague du grand âge ?

Paris, le vendredi 17 septembre 2021 - L’INED publie un rapport sur les enjeux du vieillissement de la population.

Parmi les questions étudiées dans cette somme de près de 300 pages, celle de l’accompagnement de la perte d’autonomie alors qu’au sein des pays de l’OCDE 11 % des plus de 65 ans et 50 % des plus de 80 ans bénéficient d’une aide pour leur vie quotidienne.

Or, en dépit de rémunérations basses des salariés concernés, le coût de l'aide professionnelle apportée aux personnes âgées est estimé à 115 000 € sur l’ensemble de la vie passée en dépendance, et seules 6 % des personnes en moyenne seraient en mesure de le financer sur la base de leur seul revenu.

Le vieillissement de la population va donc conduire inexorablement à une augmentation des dépenses publiques d’aide à l’autonomie. Selon les projections réalisées, ces dépenses pourraient atteindre 2,7 % du PIB en 2070 dans l’Union européenne selon le scénario démographique et épidémiologique de référence, contre 1,6 % en 2016 (OCDE et UE, 2018).

Outre les enjeux d’ordre financier, le recours aux soins de longue durée dépend de la quantité et de la qualité de l’offre. Or, en France, déjà, les taux d’occupation des établissements type EHPAD atteignent 98 %, avec des files d’attente souvent de plusieurs mois. « Qu’en sera-t-il avec l’arrivée des générations du baby-boom aux grands âges ? » s’interroge aussi l’INED.

L’offre de soins à domicile est aussi sous tension dans de nombreuses régions, avec un secteur de l’aide à domicile souffrant d’un important manque d’attractivité sur le marché du travail. « En Australie par exemple, un peu plus d’un tiers des postes vacants d’aide à domicile ne sont pas pourvus faute de candidats » précise le rapport.

La prise en charge de l’autonomie qui se révèlera couteuse en temps et en argent va également s’accompagner du bouleversement des systèmes de retraite.

Travailler vieux, oui ! Mais dans quel état ?

L’espérance de vie « résiduelle » à l’âge effectif de sortie du marché du travail s’élevait en 2018, en France, à 22,7 ans pour les hommes et à 26,9 ans pour les femmes… contre 11,2 et 14,5 ans en 1970 !

Aussi, si la question de la soutenabilité financière des systèmes de retraite face au vieillissement démographique n’est pas nouvelle, elle devrait se poser de manière encore plus aigüe dans les années à venir.

Dans ce contexte : décaler l’âge de départ en retraite est, on le sait de longue date, l’une des pistes privilégiées.

Cependant, l’INED rapporte que si ce décalage semble possible pour les cadres et les professions intellectuelles, l’état de santé des ouvriers ou des employés peu qualifié serait un frein à les faire travailler à un âge plus avancé selon « une comparaison internationale récente qui a évalué la capacité à travailler après 55 ans ».

Quoi qu’il en soit, le renoncement, coup sur coup, du gouvernement à la loi « Grand âge autonomie » et à la réforme des retraites apparaît comme un contretemps incongru.

Aussi, l’augmentation de l’attractivité des métiers du grand âge (principalement par une forte revalorisation salariale) et un recul de l’âge minimum de départ à la retraite paraissent tout aussi inexorables que le vieillissement de la population…quoi que nous entendions pendant la prochaine campagne présidentielle !

F.H.

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