
Peu de travaux permettent toutefois de préciser ce risque. C’est pourquoi une équipe danoise a mené une étude prospective de cohorte, avec l’objectif d’explorer l’association entre l’exposition résidentielle au bruit du trafic routier et ferroviaire et le risque de démence. L’étude porte sur près de 2 millions de personnes de 60 ans et plus, suivis entre janvier 2004 et décembre 2017. Dans cette cohorte, 103 500 démences ont été diagnostiquées, (21 219 maladies d’Alzheimer, 8 664 démences vasculaires et 2 192 démences en lien avec une maladie de Parkinson).
Cela dépend du nombre de décibels
Les données confirment que l’exposition résidentielle aux bruits de la circulation est associée à un risque supérieur de démence. Le risque augmente avec l’intensité du bruit, avec toutefois un « plafond » pour les intensités de bruits les plus fortes. Ainsi, le bruit du trafic routier est associé à une augmentation allant jusqu’à 27 % de la maladie d’Alzheimer, pour une exposition résidentielle de plus de 55 dB, en comparaison avec les personnes exposées à moins de 40 dB. Le bruit du trafic ferroviaire peut augmenter jusqu’à 24 % le risque en cas d’exposition de plus de 50 dB, en comparaison avec moins de 40 dB. La démence vasculaire et la démence liée au Parkinson sont, elles aussi, associées à une augmentation du bruit du trafic routier, mais ne semblent pas corrélées à l’intensité du bruit du trafic ferroviaire.Le mécanisme suggéré est le stress induit par le bruit, avec l’activation du système nerveux autonome et du système endocrine, la libération d’hormones du stress influençant plusieurs fonctions physiologiques. L’exposition au bruit pendant la nuit augmenterait le stress oxydatif, favorisant une inflammation systémique, impliquée dans la survenue de démence ou de maladie d’Alzheimer.
Dr Roseline Péluchon