Etude CAPTURE : des arguments pour une dose de rappel du vaccin anti-Covid chez les cancéreux

Les patients souffrant d’un cancer sont à risque élevé de COVID sévère et donc prioritaires pour la vaccination. Ils bénéficient par ailleurs tout autant de la vaccination que la population générale si l’on en croit les études portant sur la séroconversion post-vaccinale ou post-infectieuse. Mais les patients souffrant d’une hémopathie maligne, particulièrement lorsqu’ils sont traités avec un anti-CD20, ont des taux d’anticorps moins élevé, ce qui conduit à être particulièrement attentif dans leur cas. Cependant, l’apparition du variant delta du SARS-CoV-2 pourrait avoir changé la donne en posant de nouvelles questions, notamment celle de l’immunité humorale et cellulaire suivant l’infection et/ou la vaccination. C’est dans ce cadre qu’une équipe du Royal Marsden (Londres) a mis sur pied CAPTURE, une étude de cohorte longitudinale et prospective portant sur 118 patients infectés (dont 18 % avec hémopathie maligne) et 585 patients vaccinés (dont 24 % avec hémopathie maligne).

L’équipe a dosé dans ces deux cohortes les anticorps anti-S1 en IgG, les anticorps neutralisant le virus sauvage et ses variants alpha, bêta et delta, ainsi que l’activation des cellules T pour le virus sauvage et ses variants. Les auteurs ont constaté chez les patients infectés l’induction d’une réponse par anticorps neutralisant solide et durable (jusque 11 mois). Cette réponse était cependant moins marquée chez les patients souffrant d’une hémopathie (en particulier en cas de leucémie aiguë), et ce pour tous les variants, mais de manière plus précise pour le variant delta. Quant à la réponse immunitaire, elle est marquée par une prédominance de la réponse CD4 par rapport à la réponse CD8 dans la population générale avec cependant une suppression de la réponse CD4 chez les patients traités par un inhibiteur des points de contrôle et en cas d’hémopathie maligne.

Les patients précédemment infectés ont eu un boost de leur anticorps neutralisants après vaccination, justifiant l’intérêt d’un rappel

Dans l’autre cohorte, dans laquelle les patients avaient été vaccinés majoritairement (74 %) par le vaccin AstraZeneca, 31% avaient été infectés avant la vaccination anti-COVID. Comme pour la cohorte des patients infectés, les patients vaccinés ont développé moins d’anticorps neutralisant contre les variants, en particulier le variant delta, et cette chute était plus manifeste encore en cas d’hémopathie maligne, mais sans qu’il n’y ait de différence manifeste selon le type d’hémopathie. De plus, les patients précédemment infectés voyaient un boost de leurs anticorps neutralisant après la vaccination, et ce quel que soit le variant considéré, ce qui donne selon les chercheurs du poids à l’intérêt d’une troisième dose de vaccin dans cette population. Quoi qu’il en soit, les patients ayant présenté une tumeur solide avaient un taux d’anticorps similaire à celui des non-cancéreux, témoignant d’une bonne immunogénicité du vaccin, immunogénicité marquée également par une bonne réponse des cellules T et sans influence des traitements subis. Scott Sheperd qui présentait l’étude faisait remarquer cependant que le dosage des anticorps anti-S1 surestimait probablement la protection contre les variants et qu’il valait mieux se baser sur la réponse des cellules T.

Dr Dominique-Jean Bouilliez

Référence
Sheperd S, et coll. Adaptive immunity to SARS-CoV-2 infection and vaccination in cancer patients: The CAPTURE Study. Congrès annuel de la Société Européenne d’Oncologie médicale. Du 16 au 21 septembre 2021 (en virtuel).

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