Davantage de bronchiolites à VRS en soins intensifs

Les bronchiolites à virus respiratoire syncitial (VRS) sont une cause importante de morbidité surtout pour les nourrissons. Elles sont responsables, selon la saison, d’un nombre important d’hospitalisations et de recours aux unités de soins intensifs (USI). Seulement 2 % des enfants nécessitent une ventilation mécanique mais nombre de patients bénéficient de méthodes variées de support respiratoire. D’autre part, les mesures préventives comme les anticorps monoclonaux sont réservées aux enfants à risque tels que les prématurés et ceux avec comorbidité pulmonaire ou cardiaque. Connaître la charge que font peser les bronchiolites sévères sur les USI est important du point de vue épidémiologique et pour évaluer les besoins en soins.

Des pédiatres néerlandais de différentes disciplines ont revu les caractéristiques des patients hospitalisés dans les USI de l’ensemble des Pays Bas sur une période de 13 ans. Les enfants ont été recensés à partir d’un registre national enregistrant toutes les hospitalisations en soins intensifs. Les indications étaient une insuffisance respiratoire sous oxygénothérapie à faible débit, ou sous canule à fort débit à partir de 2010, ou l’existence d’apnées. Les observations des patients ainsi repérés ont été revues. Seules les bronchiolites liées au VRS isolément ou en association ont été retenues. Les enfants avec trachéotomie ou sous oxygène à domicile pour bronchiolite puis hospitalisés ont été inclus. Au total, 2 161 observations ont été retenues en raison d’un diagnostic de VRS confirmé et d’un âge ≤ 24 mois. Un sous-groupe de 32 nourrissons (1,5 %) avait une infection nosocomiale avec une médiane d’hospitalisation de 13,5 jours.

Développement majeur des techniques de soutien respiratoire non invasives

Pendant la période d’étude, le nombre d’admissions en USI pour bronchiolite à VRS a augmenté de 83 en 2003 à 249 en 2016 soit de 13,5/105 enfants ≤ 24 mois à 48/105, une progression par 4 (β 4,05 SE 1,27 p = 0,01). Pendant cette période le nombre d’enfants de moins de 24 mois dans la population néerlandaise a baissé de 608 896 à 518 457. L’augmentation était principalement liée aux admissions d’enfants de moins de 3 mois. Au total, 1 293 nourrissons (60 %) avaient une comorbidité ou une prématurité et cette proportion ne s’est pas modifiée significativement. Une ventilation invasive a été utilisée pour 1 551 enfants en USI (72 %) ; cette proportion n’a pas changé significativement avec le temps. En revanche, les assistances respiratoires non invasives (canule nasale à haut débit, pression positive respiratoire continue, ventilation non invasive) ont été utilisées pour 631 nourrissons et ont été le support ventilatoire principal pour 409 enfants (β 7,7 SE 0,92 p<0,01), particulièrement, la canule nasale à haut débit (β 6,69 SE 0,96 p<0,01).

En conclusion, la place des bronchiolites à VRS en unité de soins intensifs a augmenté entre 2003 et 2016. Cette évolution au Pays Bas semble parallèle à celle constatée dans d’autres pays industrialisés dans des proportions variables. Elle concerne principalement les nourrissons les plus jeunes mais le taux de comorbidité et prématurité ne s’est pas modifié. Les techniques de support respiratoires non invasives ont connu un développement majeur.

Pr Jean-Jacques Baudon

Référence
Linssen RS et coll. : Burden of respiratory syncitial virus bronchiolitis on the Dutch pediatric intensive care units. Eur J Pediatr 2021;180:3141-3149

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