
Wuhan, le lundi 8 août 2021 – Regroupés du collectif DRASTIC,
certains scientifiques sont convaincus que le SARS-Cov-2 s’est «
échappé » du laboratoire de virologie de Wuhan.
Un collectif de scientifiques « indépendants »
Certains de ces spécialistes se sont réunis dans un collectif
indépendant, le DRASTIC (Équipe de recherche autonome radicale
décentralisée enquêtant sur la Covid-19). Créé en février 2020 sur
internet et regroupant des chercheurs du monde entier de
différentes spécialités (biologistes, généticiens, statisticiens…),
ce collectif a pour ambition de mener une enquête «
indépendante » sur l’origine du virus. C’est la publication
dans le Lancet, le 9 février 2020, d’une tribune de 27
scientifiques qui a conduit ces spécialistes à vouloir mener ces
recherches parallèles. Cette tribune excluait purement et
simplement l’hypothèse de l’accident de laboratoire et la
qualifiait de complotiste. « Cette affirmation n’était
accompagnée d’aucune donnée, on était dans l’argument
d’autorité » explique Gilles Demaneuf, statisticien français et
membre de DRASTIC. « C’est ce qui a fait naitre le doute en
moi ».
Depuis lors, le DRASTIC épluche de nombreuses données en open
data et les résultats des différentes enquêtes menées sur l’origine
du virus. Ils en sont désormais quasiment convaincus, la
catastrophe a bien été provoqué par un accident de laboratoire. «
Nos travaux montrent qu’un accident de recherche est tout
simplement le scénario dominant, à mon sens à 70-75 % » explique
Gilles Demaneuf.
Une expérience de gain de fonction à l’origine de l’épidémie ?
Enfin et surtout, le Sars-Cov-2 présente une grande proximité
(96 % de génome en commun) avec un virus de chauve-souris, le
RATG13, découvert par des scientifiques chinois en 2013 et étudié
depuis dans le laboratoire de Wuhan. Différence principale entre
ces deux virus, le SARS-Cov-2 présente un « site de clivage par
furine », qui permet la contamination chez l’homme. Selon
Etienne Decroly et Bruno Canard, deux chercheurs au CNRS, cette
différence pourrait être le fruit d’expériences dite de « gain
de fonction », des manipulations réalisées sur le virus pour
accroitre sa contagiosité et sa létalité. Élément troublant :
lorsque le laboratoire de Wuhan publie pour la première fois une
analyse du Sars-Cov-2 le 13 février 2020 dans Nature, le
site de clivage par furine a été « oublié ».
Quentin Haroche