
Accidents et violences dans un tiers des cas, taux de suicides 8 %
Que disent les chiffres ? En 2019, il y a eu dans le monde 1,49 million de décès chez les jeunes de 10 à 24 ans (dont 61 % étaient des garçons). Les diverses étiologies se répartissaient ainsi : 32,7 % étaient dus à des AVP (Accident de la voie publique), à des blessures non intentionnelles ou à des violences et conflits interpersonnels ; 32,1 % étaient dus à des maladies transmissibles, nutritionnelles ou liés à la grossesse/naissance ; 27,0 % étaient dus à des maladies non transmissibles ; et 8,2 % étaient dus à une autolyse. En ce qui concerne l’évolution depuis 1950, les décès dans ce groupe d'âge ont diminué de 30,0 % chez les filles et de 15,3 % chez les garçons, et les différences de taux de mortalité selon le sexe se sont accrues dans la plupart des régions du monde. Les disparités géographiques ont également augmenté, en particulier chez les enfants de 10 à 14 ans. Depuis 1980, les décès liés aux maladies transmissibles et aux problèmes de grossesse/naissance ont fortement chuté (en proportion des décès totaux) dans la plupart des pays occidentaux, mais restent parmi les causes les plus courantes en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, où l’on constate plus de la moitié de tous les décès. Enfin, la proportion de décès dans le monde du groupe d’âge étudié ici (10 à 24 ans) au sein du groupe 0 à 24 ans a plus que doublé entre 1950 et 2019, passant de 9,5 % à 21,6 %.Disparités géographiques
En somme, le taux de mortalité des 10-24 ans subit une augmentation des disparités selon les pays et selon le sexe, en raison des faibles progrès réalisés pour empêcher les décès chez les garçons et chez les adolescents les plus âgés. Le taux de mortalité des adolescents en particulier reste fortement associé au niveau de développement des pays, déplaçant la charge mondiale vers l'Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud, où les causes de décès liées aux maladies transmissibles et à la grossesse/naissance continuent de prédominer. Or, la mortalité est un indicateur fondamental de santé et donne une approximation sur d’autres facteurs avec peu ou pas de données de haute qualité. Les progrès mondiaux pour améliorer les résultats en matière de santé des jeunes restent lents et des défis majeurs sur les déterminants sociaux de santé subsistent, tels que les besoins de contraception non satisfaits, le mariage des enfants et l'accès à un enseignement secondaire de qualité. Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 a des conséquences non négligeables sur la santé des jeunes bien que la létalité et la morbidité pour ce groupe d’âge soient largement plus faibles que chez les personnes âgées. En effet, les jeunes sont particulièrement sensibles aux effets indirects de la pandémie de par les perturbations sur l'éducation et sur l'emploi susceptibles d'entraver davantage les progrès en matière de santé.Anne-Céline Rigaud