Maisons de naissance : l’accouchement, après une si longue gestation

Paris, le mardi 30 novembre 2021 – Des données actualisées hier par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) indiquent que la France est passée fin 2020 sous la barre des 15 000 lits d’obstétrique dans 478 maternités (14 803), contre 15 057 en 2019 et plus de 20 000 en 2000 dans 742 établissements. Si le nombre de naissances a diminué (850 000 naissances en 1970, 774 000 il y a vingt ans et 740 000 l’année dernière), la fermeture des places en maternité a été plus rapide que cette tendance démographique. Ainsi, le taux d’utilisation des lits est passé de 22 à 49 accouchements par an en cinquante ans, tandis que la durée moyenne de séjour est désormais de 4,6 jours (contre 8 dans les années 70). Ces chiffres suggèrent que le paysage actuel n’est pas uniquement la conséquence de la fermeture de petits établissements (dont les normes de sécurité pouvaient être discutées), mais également d’une évolution des pratiques de prise en charge des parturientes. D’ailleurs, les 254 lits supprimés entre 2019 et 2020 sont bien supérieurs aux 43 lits disparus avec la fermeture de trois maternités l’an passé.

Dans dix départements, la maternité la plus proche est à plus de 45 minutes

Dans certains départements, cette raréfaction des lits d’obstétrique conduit à un allongement important des temps d’accès à la maternité la plus proche. Si de manière globale, la situation n’a que peu évolué avec une femme sur deux habitant à moins de neuf minutes d’une maternité, temps qui était de huit minutes il y a vingt ans, les disparités locales sont nettes. Ainsi, la part de Françaises habitant à plus de 30 minutes d’un centre obstétrical a progressé d’environ un tiers entre 2000 et 2017. Alors que l’accessibilité s’est fortement dégradée dans le Lot, la Nièvre, le Cantal, les Ardennes et la Haute-Marne, dans plus d’une dizaine de départements, toutes les femmes en âge de procréer résident à plus de 45 minutes d’une maternité de type 3.

Pas de Maisons de naissance sans maternité

Dans ce contexte, qui inquiète certains observateurs, il est peu probable que la généralisation des maisons de naissance constitue une réponse déterminante. En effet, selon le décret publié le 26 novembre et qui permet à ces structures de passer du statut de l’expérimentation à celui de la pérennisation (après six ans !), elles doivent nécessairement être contiguës à une maternité, pour assurer le transfert des patientes et/ou des nouveau-nés en cas de complication. Dès lors, il ne pourra y avoir de développement sur l’ensemble du territoire, en particulier dans les zones sans service d’obstétrique. Cependant, en permettant le désengorgement des maternités grâce à la prise en charge des femmes dont la grossesse présente un faible risque de complication, ces maisons de naissance pourraient contribuer à une amélioration globale de la prise en charge des accouchements. Or, alors que certains indicateurs sont préoccupants en France et que les grossesses à risque se multiplient, il s’agit d’un enjeu important ; sans parler de la reconnaissance majeure que ces structures apportent enfin au travail des sages-femmes.

A.H.

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Vos réactions (1)

  • Avec quels outils conventionnels ?

    Le 01 décembre 2021

    Merci pour cette analyse que nous partageons.
    Encore une fois la charrue est mise avant les boeufs : promises en 2019, les négociations conventionnelles permettant de construire les actes concernant l'accompagnement global à la naissance ne sont toujours pas initiées !
    Les sages-femmes ne vont pas (encore) exercer gratuitement !

    Caroline Combot (SF)

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