Violences sexuelles subies par les étudiants en médecine : quelles solutions ?

Lyon, le mardi 30 novembre 2021 - En octobre 2020, la thèse des docteurs Amélie Jouault et Sara Eudeline révélait que sur 2000 internes de médecine générale sondés, 53,5% déclaraient avoir été victimes de violences sexuelles au cours de leur cursus, 18% avoir subi un harcèlement et 3% une agression sexuelle. En mars, une enquête de l’ANEMF corroborait ces chiffres : 49% des étudiantes ont été confrontées à des remarques sexistes en stage, 38,4% des externes femmes et 9,7% des externes hommes ont déjà subi un harcèlement sexuel.

Dans ce contexte et en marge de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes qui était organisée le 25 novembre, l’ISNAR-IMG (Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale) a dévoilé une batterie de mesures pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes dont sont parfois victimes les médecins en formation. 

Comment prévenir ?

Pour les prévenir, l’organisation préconise « l’obligation pour tous les nouveaux Maîtres de Stage Universitaires (MSU) accueillant des internes en stage ambulatoire de réaliser une formation de sensibilisation aux VSS, qui sera inclue dans la formation pédagogique initiale. Les MSU déjà en poste devront quant à eux apporter la preuve de la réalisation d’une formation avant le renouvellement de leur agrément, dans le cadre de la formation médicale continue, au risque de voir celui-ci s’interrompre ».

Idem en milieu hospitalier où tous les médecins des services accueillant des internes devraient « obligatoirement suivre une formation de sensibilisation à chaque renouvellement d’agrément de stage, soit tous les cinq ans ». Mais la violence étant également le fait d’internes, le syndicat imagine une sensibilisation à ces questions sous la forme d’enseignements obligatoires des étudiants en médecine de 2e et 3e cycle.

Bien entendu, au-delà de la formation, l’ISNAR-IMG attend beaucoup de campagnes de sensibilisation régulières.

Quel recours pour les victimes ?

Au-delà de la prévention, l’ISNAR-IMG revendique la création d’une cellule dédiée aux violences sexistes et sexuelles, dans chaque établissement de santé qui accueille des étudiants et des internes, principalement chargée de centraliser les signalements et d’accompagner les victimes.

En cas de signalement qualifié d’ « avéré », l’ISNAR-IMG plaide pour l’extraction de stage des personnes s’étant déclarées victimes des violences rapportées (si elles en expriment le souhait). Le choix du lieu de réaffectation devant se faire en accord avec l’interne.

Réserve sur le retrait d’agrément

Si le gouvernement s’est montré favorable à l’idée de retirer l’agrément de stage aux services où auraient été commises des violences sexuelles et sexistes, le syndicat se montre réservé sur ce point expliquant : « le retrait d’agrément immédiat devrait être réservé aux situations gravissimes, dans lesquelles les violences toucheraient tous les internes ».

Le syndicat souligne néanmoins que ce maintien d’agrément n’est possible que s’il y a retrait immédiat des fonctions pédagogiques de l’auteur et mise en place d’une enquête disciplinaire.

Nul doute qu’une partie de ces mesures seront reprises dans les mois à venir par le gouvernement.

X.B.

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