
Cette étude épidémiologique a été conçue de façon à se passer de données individuelles sur le statut vaccinal des femmes incluses. Utilisant des bases de données sur les cancers et la mortalité aux USA, ses auteurs ont calculé les incidences et les mortalités du cancer du col aux âges de 15 à 24 ans, de 25 à 29 ans, et de 30 à 39 ans au cours des années 2001-2017, puis ils ont comparé la période 2010-2017, vaccinale, à la période 2001-2005, pré-vaccinale.
De 2001 à 2017, 0,68, 5,47 et 12,60 femmes sur 100 000 ont reçu un diagnostic de cancer du col aux âges de 15-24 ans, 25-29 ans et 30-39 ans, respectivement ; et 0,06, 0,57 et 1,89 femmes sur 100 000 sont décédées d’un cancer du col aux âges de 15-24 ans, 25-29 ans et 30-39 ans, respectivement. Ces différences d’incidence et de mortalité selon l’âge résultent du délai nécessaire à la transformation des cellules infectées par le HPV en cellules cancéreuses… mais pas seulement !
Baisse d’incidence et de mortalité liée au cancer du col plus marquée entre 15 et 24 ans que pour les âges plus avancés
Comparativement aux années 2001-2005, pré-vaccinales, les incidences du cancer du col à 15-24 ans, 25-29 ans et 30-39 ans ont diminué durant les années 2010-2017 de 38 %, 16 % et 8 %, respectivement (p <0,001 pour les trois). Simultanément, les mortalités par cancer du col de 15 à 24 ans et de 30 à 39 ans ont diminué de 43 % (p = 0,002) et 5 % (p > 0,05), respectivement, mais la mortalité de 25 à 29 ans a augmenté de 4 % (p > 0,05). Le différentiel des âges de 15-25 ans avec les âges de 25-29 ans est de 22 % pour l’incidence et de 47 % pour la mortalité (p < 0,001 pour les deux), et, avec les âges de 30-39 ans, de 30 % pour l’incidence (p < 0,001) et de 38 % pour la mortalité (p = 0,004).Au total, l’incidence et la mortalité du cancer du col ont relativement plus diminué entre 15 et 24 ans qu’à des âges plus avancés. La vaccination anti-HPV est une explication plausible, car la couverture vaccinale est plus élevée dans cette tranche d’âge. D’autres explications sont possibles : le dépistage, des changements des comportements sexuels (premiers rapports plus tardifs, protégés).
En raison de sa conception « écologique », cette étude a un niveau de preuve inférieur à celui de l’étude réalisée en Suède, citée plus haut (1). Elle ne suggère un effet préventif du vaccin anti-HPV qu’à des âges où le cancer du col est naturellement rare, et elle n’exclut pas d’autres explications. En revanche, elle est plus facile à reproduire.
Dr Jean-Marc Retbi