La létalité de la Covid-19 réduite de 90 % grâce à la 3e dose

Le développement des vaccins à ARN messager, qu’il s’agisse du BNT162b2 (Pfizer–BioNTech) ou du mRNA-1273 (Moderna) a transformé le pronostic des formes sévères de la Covid-19 et diminué la mortalité qui leur est imputable. La campagne vaccinale qui avait démarré rapidement et massivement en Israël avec une efficacité tout aussi rapide et spectaculaire avec le vaccin Pfizer–BioNTech s’est cependant heurtée à l’apparition du variant B.1.617.2 (delta). Une reprise épidémique s’en est suivie et au mois d’août 2021, le taux d’incidence de la Covid-19 était le plus élevé de la planète.

Début de la campagne le 30 juillet en Israël

Le 30 juillet 2021, le ministre de la santé israélien a ainsi pris la décision d’administrer une troisième dose de Pfizer–BioNTech pour relancer l’immunité individuelle et collective. Cette stratégie qui a été rapidement appliquée aux sujets âgés de plus de 50 ans cinq mois au moins après la deuxième dose du dit vaccin a-t-elle eu un impact significatif sur la létalité liée à la Covid-19 ? Une fois de plus, l’expérience israélienne précoce vient à point pour répondre à la question sous la forme d’une étude observationnelle réalisée entre le 6 août et le 29 septembre 2021.

Les informations obtenues à partir de la base de données des Clalit Health Services ont concerné 843 208 participants (âge ≥ 65 ans) dont la majorité (n= 758,118 ; 90%) a reçu la troisième dose du vaccin au cours des 54 jours de l’étude. Dans tous les cas, cette dernière a été administrée au moins cinq mois après la deuxième. Deux groupes ont été ainsi comparés : celui, majoritaire, des revaccinés et l’autre, minoritaire, des non revaccinés. Le modèle des risques proportionnels de Cox a été utilisé pour rechercher une association entre la létalité et le statut vaccinal, en procédant à des ajustements qui ont pris en compte les facteurs sociodémographiques, les comorbidités et autres facteurs de confusion potentiels.

65 décès pour 100 000 parmi les revaccinés contre 137 pour 100 000 en l’absence de rappel

Au total, 65 décès ont été dénombrés dans le groupe des revaccinés, soit une incidence quotidienne (pour 100 000) de 0,1  6 contre 137 décès dans l’autre groupe (incidence de 2,98 pour 100 000). La comparaison entre les deux groupes révèle que la létalité a été diminuée de 90 % dans le groupe des revaccinés, le hazard ratio ajusté correspondant étant en effet estimé à 0,10 (intervalle de confiance à 95 %, 0,07 à 0,14 ; p < 0,001).

Cette étude d’observation du type cas-témoins qui repose sur un effectif important et une méthodologie solide illustre clairement l’efficacité d’une troisième dose de Pfizer–BioNTech dès lors qu’elle est administrée au moins cinq mois après la deuxième et que l’on se réfère à un critère d’efficacité robuste qui est en l’occurrence la mortalité.

Cette stratégie a permis de réduire de 90 % la mortalité imputable à la Covid-19, chez les sujets âgés d’au moins 50 ans, à un moment où le variant delta dominait largement.

Dr Peter Stratford

Référence
Arbel R et coll. : BNT162b2 Vaccine Booster and Mortality Due to Covid-19. N Engl J Med 2021 ; publication avancée en ligne le 8 décembre. doi: 10.1056/NEJMoa2115624.

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Vos réactions (6)

  • Oui, mais

    Le 16 décembre 2021

    Le fait que l'objectif primaire analysé soit la MORTALITE est un plus de cette étude : c'est celui de la stratégie vaccinale initiale. On sait les aléas du paramètre hospitalisation et le gouffre méthodologique de l'étude des porteurs asymptomatiques.
    " La létalité de la Covid-19 réduite de 90 % grâce à la 3e dose (ndlr : Pfizer) " : Ce point n'est pas discutable APRES 50 ANS en climat (encore) Delta, dans une population où 1/3 des patients sont obèses, 46 % hypertendus, 30 % diabétiques.
    Les primo-infectés connus (85 500) sont comme de coutume exclus.

    De la sorte étendre les conclusions aux < 50ans serait abusif, aux > 50ans sans comorbidité statistiquement discutable ou à revoir en post-hoc au moins.
    Notons que la population ciblée dans ce travail , une population ciblée de vétérans US* constituent une vie réelle très relative qui ne sauraient être le reflet de la population générale française ni du bénéfice attendu <50ans (Exclus d'EPI-PHARE**) en bonne santé

    *Dickerman BA et coll. Comparative Effectiveness of BNT162b2 and mRNA-1273 Vaccines in U.S. Veterans.N Engl J Med 2021 ; Dec1. DOI: 10.1056/NEJMoa2115463

    **EPI-PHARE 11/10/2021 : https://www.epi-phare.fr/rapports-detudes-et-publications/impact-vaccination-covid-octobre-2021/

    Deux aspects émergents en faveur du RAPPEL Pfizer méritent d'être évoqués :

    1-Sa pertinence en climat Delta, en y incluant les contaminations Asymptomatique est enfin documentée après 40 ans en Israel* : pour la première fois, il est noté une diminution importante (86%) du risque de PCR + et donc de transmission 28 à 65j après 3ième dose Pfizer (n = 272 852) vs 2doses (n = 227 380). A nouveau, et malheureusement, les primo-infectés sont exclus. Bien entendu, la pérennité de ce bénéfice épidémiologique restera à préciser.

    *Patalon T et coll . Odds of Testing Positive for SARS-CoV-2 Following Receipt of 3 vs 2 Doses of the BNT162b2 mRNA Vaccine. JAMA Intern Med. 2021 Nov 30:e217382. doi: 10.1001/jamainternmed.2021.7382

    2 - Un déclin d'efficacité conséquence plus du temps qui passe que du variant était une notion bien ancrée ... jusqu'à l'émergence confirmée du variant OMICRON qui acutise à nouveau la pertinence* du RAPPEL ARNm :

    * Andrews N et coll . Effectiveness of COVID-19 vaccines against the Omicron (B.1.1.529) variant of concern (Pré-print)
    https://khub.net/documents/135939561/430986542/Effectiveness+of+COVID-19+vaccines+against+Omicron+variant+of+concern.pdf/f423c9f4-91cb-0274-c8c5-70e8fad50074

    Tout travail sur le RAPPEL doit être éclairé par une réflexion bien argumentée*:

    *Scott J, Richterman A, Cevik M. Covid-19 vaccination: evidence of waning immunity is overstated. BMJ. 2021 Sep 23;374:n2320. doi: 10.1136/bmj.n2320

    Dr JP Bonnet

  • Un paragraphe non relevé ?

    Le 16 décembre 2021

    Another major limitation of this study is the lack of data regarding serious adverse events. Future studies will be needed to assess the safety of the administration of the booster.

    Dr Jacques Grunenwald

  • La moitié donc

    Le 16 décembre 2021

    La 3é dose a réduit la mortalité de moitié chez les vaccinés c'est la même chose mais quand on le dit cela ne fait pas pareil que réduire de 90% la mortalité.

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