Paris, le vendredi 31 décembre 2021 - Faut-il y voir un nouvel
argument pour attirer la population dans des meetings ? Vendredi 31
décembre, Fabien Roussel, candidat communiste à la présidentielle,
annonçait devant les caméras de TF1 que son parti mettrait des
masques FFP2 à la disposition des participants aux rassemblements
en vue de la campagne présidentielle.
Face à l’augmentation des cas de Covid-19 et l’arrivée du
variant Omicron, de nombreux pays ont décidé d’imposer le port du
masque FFP2 dans les lieux publics en lieu et place des masques
chirurgicaux ou en tissu.
C'est le cas notamment en Italie, où ces masques, blancs en
général et en forme de bec de canard, sont obligatoires depuis le
25 décembre dans tous les transports publics, les cinémas, les
théâtres, les musées et les stades. Même obligation en Grèce dans
les lieux publics à partir du 3 janvier.
Et en France ? Interpellé sur le sujet par des députés le 29
décembre en commission, le ministre de la santé Olivier Véran a
simplement dit avoir demandé l’avis du Haut Conseil de la santé
publique sur la question.
Meilleure protection
D’un point de vue de protection du public, les masques FFP2
répondant à la norme européenne EN149 (ou son équivalant chinois
KN95) possèdent un avantage indéniable. Le FFP2 dispose en effet
d’une capacité filtrante de 94 % des particules de 0,6
micromètre.
De nombreuses études ont également confirmé la plus grande
efficacité du masque FFP2 que le masque chirurgical.
Selon les chercheurs des universités de Göttingen (Allemagne)
et de Cornell (États-Unis), si une personne non infectée par le
SARS-CoV-2 porte un masque chirurgical lors d’une discussion avec
une personne infectée, non masquée, et à une distance de 1,50
mètre, le risque maximal d’infection atteint 90 % après trente
minutes. Avec un masque FFP2, ce risque baisse autour de 20 %, même
après une discussion d’une heure. Si les deux personnes portent un
masque chirurgical, le risque maximal est inférieur à 30 %, même
après une heure. Mais si les deux individus portent un masque FFP2
correctement ajusté, alors ce risque tombe à 0,4 % au
maximum.
Le FFP2 a également comme avantage d’englober l’intégralité du
visage. Ce qui permet de s’assurer d’un port correct du dispositif
de protection alors que les masques chirurgicaux, préférés par la
population française, sont souvent mal utilisés par le public
(masques réutilisés, disposés sous le nez ou sous le
menton…).
Mais acceptabilité moindre ?
Alors pourquoi la France refuse-t-elle d’opérer une conversion
de masse au profit des masques FFP2 ? Dans son avis du 8 décembre,
le conseil scientifique estimait seulement que « les personnes
les plus fragiles ou non vaccinées peuvent porter un masque de type
FFP2 dès que cela est possible, avec toute la complexité néanmoins
liée à cet usage ».
Plusieurs facteurs peuvent expliquer les réserves des
autorités à l’idée d’imposer le port du masque FFP2.
Le premier concerne évidemment le prix des masques FFP2
comparé aux masques chirurgicaux. A l'unité, un masque FFP2 est
jusqu'à six fois plus onéreux qu'un masque chirurgical classique.
Il faut compter en effet environ 50 à 60 centimes le masque FFP2
pour un particulier et entre 30 et 40 centimes pour les commandes
en gros des professionnels de santé. Un prix qui a toutefois
fortement diminué glace à l’arrivée de masques en provenance de
Chine.
Mais d’autres arguments semblent inciter les autorités à la
prudence. Si le masque FFP2 est d’avantage protecteur, il est aussi
particulièrement contraignant. Interrogé par Le Monde,
Pascal Crépey, épidémiologiste, déclare « on peut facilement se
sentir opprimé : on respire moins bien, on peut avoir envie de
l’enlever à la longue ».
Cet argument avait d’ailleurs conduit les autorités en 2011 à
ne pas renouveler le stock des masques FFP2. Dans une note de 2011,
le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale en
était arrivé à la conclusion que « le recours systématique aux
masques de protection respiratoire de type FFP2 a montré ses
limites en termes d’efficacité car la gêne voire la difficulté
respiratoire liées à leur port, conduisent à un faible taux
d’utilisation ».
En outre, un revirement gouvernemental pourrait faire naitre un
doute sur l’efficacité des masques chirurgicaux qui offrent, malgré
tout et sous réserve d’un port correct, une protection contre la
contamination.
Mauvais esprit : et si la France n’en disposait pas
?
La question méritait d’être posée : et si la France refusait
de se convertir aux FFP2 en raison d’une pénurie cachée ? De ce
point de vue-là, il semble que la France ne dispose pas de
difficultés en termes de stocks ou d’approvisionnement.
En janvier 2021, la direction générale de la santé affirmait à LCI
que Santé publique France avait en sa possession – en plus des
stocks gérés par les établissements – 406 millions de masques FFP2,
« soit 203 % du stock cible correspondant à trois semaines de
crise épidémique ».
La solution miracle ?
Reste que le FFP2 ne peut constituer par nature une solution
miracle pour lutter contre l’épidémie.
Ainsi, l’Autriche et la Bavière ont mis en œuvre l’obligation du
port du masque FFP2 dans les lieux publics et dans les transports
depuis plus d’un an, face à l’apparition du variant Alpha. Une
décision qui n’a empêché ni l’augmentation des cas au cours du
printemps 2021, ni la vague de variant delta en novembre
dernier.
Devant l'arrivée du variant Omicron (beaucoup plus contagieux) et l'augmentation massive de cas dans ma région, je me suis résolu à porter en consultation des masques FFP2 plutôt que des masques chirurgicaux. Or, contrairement à ce que j'imaginais, ils sont bien plus confortables d'un point de vue respiratoire que les masques chirurgicaux (sans doute en raison de leur forme "en bec de canard"). La contrepartie, c'est que les attaches sont beaucoup plus serrées et entraînent une gêne au niveau des oreilles et de l'arrête du nez. Mais je fais avec. Masques FFP2 pour tous les professionnels de santé et les personnes contaminées et masques chirurgicaux pour les autres me semble être un compromis acceptable.
Se convertir au masque suffirait
Le 02 janvier 2022
Pourquoi au FFP2 ? Les Français font mine d'utiliser les masques, et quand on dit qu'ils en respectent l'usage, c'est un pieux mensonge démagogique. La plupart les portent sous le nez, quand ce n'est pas sur le menton, ils les enlèvent au moindre prétexte, et ne font semblant de les mettre que pour éviter d'être verbalisés. Autrement dit, le port du masque en population générale est quasi inexistant. Avant de penser à imposer les FFP2, on ferait mieux d'obliger au port réel et correct du simple écran facial !