Omicron : la moitié de l’humanité contaminée d’ici la fin du mois de mars ?
Dans un éditorial publié dans le Lancet, le Professeur
Christopher Murray de l’Université de Washington estime que la
vague Omicron est « inarrêtable ».
Apparu au début du mois de décembre en Afrique du Sud, le
variant Omicron du SARS-CoV-2 a rapidement conquis la planète, sa
forte contagiosité provoquant une explosion du nombre de
contaminations un peu partout dans le monde. En France notamment,
le nombre de tests positifs quotidiens a été multiplié par 10 en
cinq semaines, nous faisant battre régulièrement des records de
contaminations (jusqu’à 500 000 par jour). Mais les faibles
capacités en dépistage de certains pays en voie de développement
rendent difficile le suivi au niveau mondial de l’épidémie
d’Omicron.
L’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), un
institut de santé publique rattaché à l’Université de Washington et
financé par Bill Gates, a tenté de dresser le tableau de cette
nouvelle étape de la pandémie. Son directeur, le Pr Christopher
Murray, a livré son analyse de la situation, basée sur les données
de son institut.
Plus de 80 % d’asymptomatiques
Selon les modèles de l’IHME, ce sont 125 millions de personnes
par jour qui sont actuellement contaminées par Omicron sur la
planète, soit 1,5 % de la population mondiale et 10 fois plus que
lors du pic de la vague Delta en avril. Le nombre de contaminations
quotidiennes a ainsi été multiplié par 30 entre fin novembre 2021
et la mi-janvier 2022. A ce rythme, c’est la moitié de la
population mondiale (3,9 milliards de sujets) qui sera contaminée
par Omicron entre fin novembre 2021 et fin mars 2022 selon
Christopher Murray. La plupart des pays actuellement touchés par
Omicron devraient connaitre leur pic mi-février, la vague liée à ce
variant durant jusqu’ici cinq semaines.
Plus contagieux, le variant Omicron est également, on le sait,
moins pathogène. A ce titre, certains des chiffres cités par le Pr
Murray dans son éditorial sont particulièrement édifiants. Entre 80
et 90 % des personnes contaminées par Omicron seraient
asymptomatiques, contre 40 % pour les variants précédents du
SARS-CoV-2. Une situation qui rend plus difficile le suivi de
l’épidémie, puisque 95 % des contaminations passeraient sous les
radars, contre 80 % auparavant. Le ratio entre les cas positifs et
les hospitalisations a diminué de 50 % aux États-Unis, celui entre
les contaminations et les hospitalisations en réanimation de 80 à
90 % au Canada et en Afrique du Sud.
Selon un schéma que l’on constate en France, cette plus faible
dangerosité ne compense qu’en partie la contagiosité accrue et
Omicron provoque donc une augmentation des hospitalisations
(jusqu’à deux fois plus que lors des vagues précédentes dans
certain pays). La contamination du personnel soignant, qui doit dès
lors s’isoler et arrêter le travail, rend la prise en charge
hospitalière de la vague Omicron encore plus difficile. Le Pr
Murray se montre tout de même plutôt optimiste : si les hôpitaux du
monde entier devraient vivre à flux tendu pendant les 4 à 6
prochaines semaines, l’exemple de certains pays (comme la Grèce ou
le Royaume-Uni) montre que les admissions en soins intensifs
devraient rester stables.
Les masques et les vaccins dépassés par Omicron ?
Position plus polémique, le signataire de l’éditorial estime
que les modèles de l’IHME suggèrent qu’Omicron est trop contagieux
pour être stoppé par des mesures sanitaires classiques. Ainsi, le
port du masque ne permettrait de diminuer les contaminations que de
10 % sur les 4 prochains mois. Quant à la vaccination, ses effets
seraient trop tardifs pour jouer sur la vague Omicron, aussi
fulgurante que fugace. A l’inverse, certaines des mesures de lutte
contre l’épidémie et notamment le dépistage massif et l’isolement
des contaminés, peuvent avoir des conséquences désastreuses pour la
vie sociale et économique des nations. « Je pense que la
stratégie de lutte contre la Covid-19 doit être repensée, les
efforts pour tracer les contacts sont futiles » explique le
Professeur Murray.
L’universitaire américain conclut son éditorial en évoquant
une théorie de plus en plus répandue (la branche européenne de
l’OMS l’estime désormais « probable »), celle selon laquelle
la vague Omicron va entrainer la fin de l’épidémie. Peut-être
échaudé par les nombreux échecs rencontrés par l’épidémiologie
prédictive dans cette crise, le Pr Murray se montre prudent. Selon
lui, il est en effet probable que l’immunité naturelle conférée par
Omicron provoque un reflux de l’épidémie pendant plusieurs semaines
ou mois. Mais il estime également tout à fait possible l’apparition
de nouveaux variants, potentiellement plus sévères qu’Omicron,
ainsi qu’une baisse de l’immunité, qui entrainerait de nouvelles
vagues épidémiques.
Une chose est sûre selon lui : le temps des grandes restrictions de
liberté est terminé. Les vaccins, les antiviraux et les leçons
tirées des vagues précédentes vont permettre de limiter l’impact
sur la santé publique de la Covid-19 dans le futur. La maladie va
donc devenir endémique, gérée comme l’est la grippe saisonnière,
qui tue parfois jusqu’à 50 000 personnes par an aux États-Unis
rappelle le Christopher Murray, sans que grand monde ne s’en
émeuve.
Merci à ce variant d'être à la fois peu virulent et très contagieux : il suffit d'être bien vacciné pour n'encourir qu'un risque infime d'être gravement malade tout en ayant une immunité régulièrement réactivée ! Comme pour la grippe, qui tue malheureusement encore des non vaccinés, plus que jamais, imposons les vaccins à toute la population.
Dr Pierre Rimbaud
Jusqu'au prochain variant...
Le 24 janvier 2022
...Qui trouve son terreau chez les non vaccinés. Mais un virus qui trouve des obstacles, traitements, anticorps, ne risque-t-il pas de les contourner ? Restons vigilants
Pr André Muller
Vaccinons nous avec quoi ?
Le 25 janvier 2022
A quoi cela sert il de continuer à vacciner avec les vaccins actuels, obsolètes car conçus contre les premiers variants ? à écouler les stocks? Ne pourrait on pas faire des sérologies pour estimer l'immunité de la population (vaccinés et rétablis)? Où sont les études qui permettraient d'affirmer "il suffit d'être bien vacciné pour n'encourir qu'un risque infime d'être gravement malade" ? de plus en plus cette affirmation est battue en brèche! ce qui fait baisser le nombre des patients hospitalisés c'est la moindre dangerosité d'omicron pas le vaccin, même l'OMS le reconnaît.