Scandale Orpea : une audition qui déçoit

Paris, le jeudi 3 février 2022 – Auditionnés ce mercredi par les députés, les dirigeants de la société Orpea ont refusé de faire tout mea culpa, suscitant la colère des parlementaires.

Sale temps pour Orpea. Dix jours après la publication des bonnes feuilles de Les Fossoyeurs, le livre enquête de Victor Castanet qui dénonce des dysfonctionnements et des maltraitances dans les établissements gérés par Orpea, le leader mondial des Ehpad continue de subir les conséquences de ces révélations. Le groupe qui a connu une chute vertigineuse de sa cotation boursière (-56,9 % en un mois !), a été contraint de pousser vers la porte son PDG Yves Le Masne et va faire l’objet de deux enquêtes administratives, l’une de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales), l’autre de l’IGF (Inspection Générale des Finances).

« Il n’y a pas de système Orpea » selon son PDG

Ce mercredi, c’est aux questions des députés que les dirigeants d’Orpea ont dû faire face. Philippe Charrier, nouveau PDG du groupe et Jean-Christophe Romersi, directeur général France, étaient auditionnés par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée Nationale, qui a décidé de lancer une série d’auditions sur « l’affaire Orpea » (le journaliste Victor Castanet sera prochainement entendu). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les échanges entre les représentants de la société et les parlementaires ont été tendus.

Évitant de répondre aux questions sur la gestion financière du groupe, les dirigeants d’Orpea ont tenté de se poser en victime d’une cabale injuste. « Il y aurait un système Orpea selon cet ouvrage (Les Fossoyeurs) qui consisterait à optimiser le profit pour rationner nos prestations, ce système n’existe en aucun cas » a asséné Philippe Charrier. Jean-Christophe Romersi a quant à lui démenti les accusations de maltraitances systématiques envers les résidents des établissements Orpea. « Quand il y a des évènements indésirables, nous les suivons bien évidemment de très près, nous les rapportons aux autorités de santé, nous menons des investigations et nous corrigeons » a-t-il affirmé. Les deux dirigeants ont également tenu à démentir les affirmations selon lesquels les Ehpad privés n’étaient pas suffisamment contrôlés, expliquant avoir subi « 94 contrôles en 2016, 55 en 2018, 49 en 2019 ».

L’audition brutalement interrompue

Les membres de la commission, rodés aux questions sociales, n’ont visiblement pas appréciés être noyés sous des détails techniques et des rappels à la réglementation. Ils n’ont pas caché leurs déceptions face aux réponses des deux dirigeants d’Orpea. « Je suis outrée par votre posture, depuis deux heures vous ne répondez pas à nos questions, force est de constater que nous n’aurons aucune réponse spontanément de votre part » a réagit la députée LREM Charlotte Parmentier-Lecocq. « J’assiste à une mascarade où tantôt vous brandissez votre cahier des charges et vos éléments de langage insipide, tantôt ce sont vos collaborateurs qui vous servent de bouclier, avec l’arrogance même de nous expliquer le fonctionnement de la dépendance » s’est emportée la députée LREM Laetitia Romeri-Dias.

Après 2h30 d’échanges, l’audition a finalement été brutalement interrompue par la présidente de la commission, la députée LREM Fadila Khattabi, qui n’a pas caché que « la représentation nationale était déçue de la qualité des réponses ou de l’absence de réponses » des deux auditionnés.

Le temps des tempêtes n’est donc pas encore fini pour Orpea, qui doit faire face depuis 48 heures à un nouveau scandale : son ancien PDG Yves Le Masne est accusé d’avoir commis un délit d’initié en vendant en juillet dernier ses actions du groupe pour 588 000 euros après avoir eu connaissance de l’enquête de Victor Castanet.

Nicolas Barbet

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Vos réactions (1)

  • Groupes financiers

    Le 06 février 2022

    A quand le même scandale concernant la gestion des cliniques privées par des groupes financiers ?
    Quand va-t-on arrêter de croire que des établissements qui jusque là faisaient peu ou pas de bénéfice se mettent brutalement à en faire sans une gestion discutable sur le plan de la qualité des soins.
    Il n'y a pas de miracle : le mythe de la fin de la gestion désastreuse des médecins est très surévalué.

    Dr Jean-Roger Werther

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