Endométriose : la France se dote d’une stratégie nationale

Paris, le mercredi 16 février 2022 - Le ministre de la santé a présenté, hier, une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose. Se faisant lyrique, il a introduit son propos en déclarant qu’on ne devait plus demander à la douleur « d’être sage et de se tenir plus tranquille ».

Cette stratégie se fixe trois objectifs principaux : développer la recherche, limiter l’errance thérapeutique et sensibiliser la population.

20 millions d’euros pour la recherche

Tout d’abord, le gouvernement va doter l’INSERM de 20 millions d’euros sur cinq ans consacrés à l’endométriose. Outre des programmes de recherche fondamentale et clinique, ce budget viendra financer la création d’une base de données constituée à partir des six cohortes nationales déjà existantes. Cette base permettra d’analyser la fréquence, les facteurs de risque et les conséquences de cette maladie sur la vie des femmes*.

7 ans de réflexion

Pour diminuer le temps d’errance thérapeutique actuellement évalué à 7 ans, cette stratégie vise à doter la France de filières territoriales permettant à chaque Française, « où qu’elle soit dans le pays », d’avoir accès à une prise en charge adaptée et de qualité. Des filières territoriales spécifiques à l’endométriose verront ainsi le jour dans chaque région de France d’ici à 2023.

En pratique, il s’agira de mettre en place des structures identifiées permettant d’informer les citoyens, de former les professionnels, de diagnostiquer l’endométriose, d’annoncer ce diagnostic et d’organiser la prise en charge personnalisée de chaque patiente. Ces structures seront financées grâce à un budget de 4,5M€ annuels.

Pour les cas d’endométriose les plus complexes, des centres de référence régionaux seront identifiés au sein des filières régionales, « afin qu’aucune forme d’endométriose, même la plus grave, ne soit laissée sans réponse médicale adaptée » souligne le ministère de la santé.

Dans l’optique de permettre un diagnostic plus précoce, l’endométriose sera inscrite dans le carnet de santé et recherchée dans le cadre des différentes consultations obligatoires effectuées dès l’adolescence et lors des consultations longues de santé sexuelle accessibles à tous gratuitement jusqu’à 25 ans.

Des parcours personnalisés de soins seront élaborés pour les patientes « afin d’organiser dès le diagnostic une réelle collaboration entre les différents professionnels et permettre à chaque patiente d’accéder concrètement aux soins dont elle a besoin, que ce soit les consultations douleurs, ou de l’éducation thérapeutique » écrit le ministère.

Enfin, les dispositifs permettant la prise en charge financière des soins relatifs à l’endométriose seront « améliorés et évalués ».

Ainsi, certaines formes d’endométriose sont aujourd’hui reconnues comme des affections de longue durée, au titre du dispositif ALD 31 mais le dispositif demeure sous utilisé. C’est pourquoi les critères d’attribution de l’ALD 31 seront unifiés entre les caisses primaires d’assurance maladie et des actions de communication seront menées afin d’informer les Françaises atteintes d’endométriose sur leurs droits. L’accès à ce dispositif et à la prise en charge en ALD pour toutes les personnes qui le nécessiteront feront l'objet d'une première évaluation dès 18 mois après publication de cette stratégie.

Lever le tabou

« J’ai parlé de tabou il y a quelques instants, et je crois que notre société est suffisamment mature et adulte pour parler d’endométriose sans gêne et à l’heure où la parole se libère sur tant de sujets trop longtemps étouffés, à l’heure où l’égalité femmes-hommes est enfin une exigence concrète » a déclaré Olivier Véran au milieu de son discours.

Pour lever le biais de méconnaissance qui persiste concernant l’endométriose, la formation initiale des jeunes médecins, et la formation continue des professionnels de santé accordera une place prioritaire à cette pathologie.

Tous les acteurs susceptibles de détecter l’endométriose (infirmiers scolaires, médecins du travail, médecins du sport, directeurs des ressources humaines…) seront également sensibilisés à cette maladie, notamment grâce à l’intervention d’associations de patientes, à la formation des personnels des écoles, des associations sportives et des entreprises.

Le gouvernement entend également développer des campagnes de communication « de grande ampleur ». Elles viseront à faire mieux connaître cette maladie. Ainsi, des actions de sensibilisation seront menées chaque année au mois de mars, au cours de la Semaine européenne de prévention et d’information sur l’endométriose.

Les patientes expertes, qu’Olivier Véran a saluées à plusieurs reprises, verront également leur rôle sanctuarisé : elles interviendront dans les universités dans les formations diplômantes sur l’endométriose, et seront associées étroitement aux différentes instances de concertation régionales et à la création des filières territoriales spécialisées dans l’endométriose.

Rendez-vous dans cinq ans pour évaluer cette stratégie nationale.

*ou des « personnes menstruées » comme l’écrivent certaines associations.

Xavier Bataille

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