
Accoucher dans l’eau. La parturiente est installée dans une baignoire ad hoc remplie d’eau tiède pendant le travail et parfois l’expulsion pour obtenir une bonne relaxation et atténuer les douleurs.
Les complications rapportées après une naissance dans l’eau comprennent l’hypothermie, la noyade, une détresse respiratoire et des infections dues à des germes hydriques tels que les pyocyaniques et les légionelles. Une détresse respiratoire ou un sepsis le premier mois de vie, après une naissance dans l’eau, nécessitent un bilan infectieux et une antibiothérapie couvrant les germes hydriques. Il faut aussi penser à une légionellose devant un sepsis à hémocultures négatives, comportant une pneumonie, qui répond mal à l’antibiothérapie de première ligne. A titre préventif, il est conseillé de sortir la parturiente du bain avant l’expulsion et d’appliquer les mesures de contrôle des infections (nettoyage, désinfection) pour la baignoire et l’eau du bain.
Ensemencer le bébé avec des sécrétions vaginales. Un nouveau-né né par césarienne reçoit des sécrétions vaginales de sa mère dans la bouche, dans le nez ou sur la peau pour que son microbiote se rapproche de celui d’un nouveau-né né par voie basse. La modification du microbiote est censée réduire l’incidence des allergies, de l’asthme et de l’obésité chez les anciens césarins, ce qui n’est pas prouvé.
Ce faisant, on risque d’inoculer un streptocoque B, un Herpes simplex virus [HSV], etc., à l’enfant, même après un dépistage négatif, car le dépistage n’est pas infaillible. L’ensemencement vaginal est déconseillé en dehors d’un cadre de recherche. Il est contre-indiqué si la césarienne a été faite pour prévenir la transmission materno-fœtale de l’HSV ou du VIH, et chez les prématurés. Un sepsis précoce chez un nouveau-né ensemencé avec des sécrétions vaginales maternelles peut être dû à un streptocoque B ou à un colibacille, mais aussi à un HSV, surtout s’il a débuté après H48.
Ne pas sectionner le cordon ombilical (« bébé lotus »). Le nouveau-né reste relié au placenta jusqu’à ce que le cordon se détache spontanément afin de passer en douceur de la vie intra-utérine à la vie aérienne.
Après la délivrance, le placenta qui n’est plus irrigué se nécrose et est colonisé, ainsi que le cordon, par une multitude de bactéries. Des sepsis précoces à staphylocoques à coagulase négative, une endocardite à staphylococcus lugdunensis et des omphalites ont été attribués à cette pratique. Chez un nouveau-né qui ne va pas bien et est toujours rattaché à son placenta, il faut sectionner le cordon, faire un bilan infectieux incluant un prélèvement du placenta, et instaurer une antibiothérapie qui couvre les staphylocoques à coagulase négative et les anaérobies.
Manger le placenta (placentophagie). Au lieu d’être détruit, le placenta est consommé par la mère cru, après cuisson ou sous forme de capsules de poudre pour son contenu en fer et pour ses effets bénéfiques sur la dépression postpartum et la production de lait.
Le placenta délivré est colonisé par la flore vagino-urinaire de la mère. Il peut aussi être contaminé lors de sa manipulation et de sa préparation en vue de sa consommation. Lors de ces opérations, il faut respecter des précautions similaires à la viande crue. On n’a pas de données sur la température et la durée de la cuisson ou de la déshydratation permettant de détruire le streptocoque B, le VIH et les virus des hépatites B et C. Un sepsis à streptocoque B récidivant a été rapporté chez un nouveau-né dont la mère consommait des capsules de placenta contenant la même souche de streptocoque B. Si l’enfant d’une mère qui mange son placenta devient fébrile ou malade, un bilan infectieux incluant un prélèvement des capsules ou du reste de placenta et une antibiothérapie empirique s’imposent.
Les parents ne doivent pas cacher les pratiques précédentes aux pédiatres car leur connaissance peut faciliter le diagnostic et orienter le traitement d’une infection néonatale.
Différer le premier bain. Le premier bain du bébé, qui le débarrasse du vernix, du méconium et du sang dont il est recouvert, est différé de plusieurs heures afin de ne pas le séparer de sa mère.
Cette façon de faire favorise la mise au sein et la réussite de l’allaitement. De plus, le vernix caseosa protège la peau du bébé de germes pathogènes. Un délai minimum de 6 h entre la naissance et le premier bain est recommandé par l’OMS. Les seules contre-indications au report du premier bain sont une infection de la mère par le HIV, où un bain et un nettoyage des sécrétions sont préconisés aussitôt après la naissance, et l’exposition du bébé à des lésions génitales actives d’herpès ou à des virus transmis par le sang (virus des hépatites B et C).
Le refus de la vaccination anti-hépatite B à la naissance et le refus de la prévention de l’ophtalmie néonatale sont aussi abordés dans le rapport. Ces deux points ont moins d’intérêt pour les pédiatres français. En France, la vaccination anti-hépatite B, obligatoire, n’est débutée que 2 mois après la naissance, sauf si la mère est porteuse de l’antigène HBS, et la prévention de l’ophtalmie néonatale avec un collyre à l’érythromycine est un geste systématique en salle de naissance.
Dr Jean-Marc Retbi