
Les essais contrôlés ont démontré que ces biothérapies ciblées
amélioraient le pronostic fonctionnel et le contrôle de la maladie.
Qu’en est-il dans la vraie vie ?
C’est à cette question que répond une étude de cohorte
française, dite « Second Souffle » menée dans le cadre du
réseau CRISALIS au sein de 31 centres hospitaliers publics ou
privés. Des questionnaires comportant 61 items du type AQLQ
(Asthma Quality of Life Questionnaire) et mini-ACQ
(mini-Asthma Control Questionnaire) ont été remplis lors des
consultations de suivi, par 415 patients atteints d’un asthme
sévère de phénotype AST2. La consommation de soins divers au cours
des 12 derniers mois a été également prise en compte.
Une majorité de répondeurs
Dans 80 % des cas, une biothérapie ciblée était en cours (n=325 ; BIOT+). Dans ce sous-groupe ainsi traité (femmes : 62 %), la moyenne d’âge était de 56±15 ans et une corticothérapie orale avait été prescrite quotidiennement (22,2 %) ou occasionnellement (>3 fois/an. 23,1 %). La fréquence des exacerbations annuelles était en moyenne de 1,5 (± 2,8) et le score mini AQLQ de 4,8 (±1,4), ce dernier étant négativement corrélé au score ACQ (p<0,0001).La réponse à la biothérapie a pu être évaluée par le médecin chez 290 patients, avec une durée médiane de suivi de 25 mois dans le groupe BIOT+. Plus de 90% des participants de ce groupe ont été considérés comme répondeurs. Parmi ceux-ci, 24,4 % avaient un score ACQ compris entre 0,75 et 1,5 et 45,4 % un ACQ >1,5. Globalement, un profil de « super-répondeur » a été identifié chez 12,3 % des patients du groupe AST2 BIOT+, selon trois critères : ACQ < 0,75, VEMS > 80% et absence de recours à la corticothérapie orale au cours des 12 mois écoulés.
Mais un paradoxe
L’étude « Second Souffle » menée dans le monde réel, à distance des essais contrôlés permet de souligner un paradoxe. Si la majorité des patients atteints d’un asthme sévère de phénotype T2 sont considérés par leur pneumologue comme répondeurs aux biothérapies ciblées, force est de reconnaître que, dans plus de deux tiers des cas, la maladie reste incomplètement ou non contrôlée. Environ 40 % des patients ont recours à la corticothérapie orale soit quotidiennement, soit plus de 3 fois par an. Les facteurs qui expliquent l’échec relatif de ces traitements méritent d’être mieux cernés pour améliorer le pronostic de l’asthme sévère.Dr Philippe Tellier