Un « Second Souffle » avec les biothérapies

En cas d’asthme sévère, le phénotype T2 (AST2) autorise la prescription de biothérapies ciblant plusieurs voies de l’inflammation T2, impliquant la production excessive d’IgE et d'interleukines 4, 5 et 13. Ce phénotype concerne 50 à 70 % des patients atteints de cette forme d’asthme particulièrement préoccupante et s’accompagne d’une activation et du recrutement des polynucléaires éosinophiles.

Les essais contrôlés ont démontré que ces biothérapies ciblées amélioraient le pronostic fonctionnel et le contrôle de la maladie. Qu’en est-il dans la vraie vie ?

C’est à cette question que répond une étude de cohorte française, dite « Second Souffle » menée dans le cadre du réseau CRISALIS au sein de 31 centres hospitaliers publics ou privés. Des questionnaires comportant 61 items du type AQLQ (Asthma Quality of Life Questionnaire) et mini-ACQ (mini-Asthma Control Questionnaire) ont été remplis lors des consultations de suivi, par 415 patients atteints d’un asthme sévère de phénotype AST2. La consommation de soins divers au cours des 12 derniers mois a été également prise en compte.

Une majorité de répondeurs

Dans 80 % des cas, une biothérapie ciblée était en cours (n=325 ; BIOT+). Dans ce sous-groupe ainsi traité (femmes : 62 %), la moyenne d’âge était de 56±15 ans et une corticothérapie orale avait été prescrite quotidiennement (22,2 %) ou occasionnellement (>3 fois/an. 23,1 %). La fréquence des exacerbations annuelles était en moyenne de 1,5 (± 2,8) et le score mini AQLQ de 4,8 (±1,4), ce dernier étant négativement corrélé au score ACQ (p<0,0001).

La réponse à la biothérapie a pu être évaluée par le médecin chez 290 patients, avec une durée médiane de suivi de 25 mois dans le groupe BIOT+. Plus de 90% des participants de ce groupe ont été considérés comme répondeurs. Parmi ceux-ci, 24,4 % avaient un score ACQ compris entre 0,75 et 1,5 et 45,4 % un ACQ >1,5. Globalement, un profil de « super-répondeur » a été identifié chez 12,3 % des patients du groupe AST2 BIOT+, selon trois critères : ACQ < 0,75, VEMS > 80% et absence de recours à la corticothérapie orale au cours des 12 mois écoulés.

Mais un paradoxe

L’étude « Second Souffle » menée dans le monde réel, à distance des essais contrôlés permet de souligner un paradoxe. Si la majorité des patients atteints d’un asthme sévère de phénotype T2 sont considérés par leur pneumologue comme répondeurs aux biothérapies ciblées, force est de reconnaître que, dans plus de deux tiers des cas, la maladie reste incomplètement ou non contrôlée. Environ 40 % des patients ont recours à la corticothérapie orale soit quotidiennement, soit plus de 3 fois par an. Les facteurs qui expliquent l’échec relatif de ces traitements méritent d’être mieux cernés pour améliorer le pronostic de l’asthme sévère.

Dr Philippe Tellier

Références
Didier A et coll. : Profil clinique et qualité de vie des patients asthmatiques sévères de phénotype T2 traités par biothérapies en France : résultats en vraie vie de l’étude multicentrique « Second Souffle ». 26ème congrès de pneumologie de langue française (CPLF). Lille Grand Palais : 21-23 janvier 2022.

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