
Paris, le lundi 21 février 2022 - En matière de Covid, le
moral est au beau fixe et les Français se préparent à un printemps
marquant le (vrai) « retour des jours heureux ». Même les
plus cassandres, Olivier Véran en tête, y vont de leurs prévisions
optimistes et entrevoient déjà la fin de toutes (ou presque) les
restrictions dans quelques semaines.
Pourtant, contrairement à ce qu’a affirmé hier sur LCI le
ministre de la santé, un sous-variant d’Omicron alerte. Il s’agit
du BA.2.
Rappelons que le variant Omicron est divisé en trois
sous-lignages désignés BA.1 (actuellement majoritaire), BA.2 et
BA.3 (qui très peu détecté).
Un sous-groupe de BA.1, dénommé BA.1.1, caractérisé par la
présence de la mutation R346K a également été repéré.
Début de flambée en France…
Concernant la France, en quelques semaines, la présence du
variant BA.2 d'Omicron a augmenté de + 38 % selon un point de Santé
publique France publié ce jeudi.
Variant Pi ?
Or, une étude japonaise publiée ce 15 février (en pre-print)
sur le site bioRXiv et conduite sur des hamsters conclut à une plus
grande transmissibilité de ce variant d'Omicron, de l'ordre de 1,4
fois supérieur à BA.1.L’étude suggère également que ce variant
d’Omicron serait plus pathogène.
« L'analyse statistique montre que le nombre effectif de
reproduction de BA.2 est 1,4 fois plus élevé que celui de BA.1. Les
expériences de neutralisation montrent que l'immunité humorale
induite par le vaccin ne fonctionne pas contre BA.2 comme BA.1, et
notamment que l'antigénicité de BA.2 est différente de celle de
BA.1. Des expériences de culture cellulaire montrent que le BA.2
est plus réplicatif dans les cellules épithéliales nasales humaines
(…) que le BA.1. De plus, des expériences d'infection sur des
hamsters montrent que BA.2 est plus pathogène que BA.1 »
écrivent dans leur abstract l’équipe de chercheurs de
Kumamoto.
Des données inquiétantes en partie confirmées par l’épidémiologie
Et dans la « vraie vie » ? Dans son bulletin
épidémiologique du 15 février, l’OMS écrit que « la prévalence
de BA.2 parmi les cas séquencés d’Omicron soumis à la base de
données GISAID n’a cessé d’augmenter pour atteindre 21,09 % lors de
la 5e semaine de 2022 » (début
février). « Au 14 février, 10 pays ont signalé une prédominance
de BA.2 supérieure à 50 % : le Bangladesh, Brunei Darussalam, la
Chine, le Danemark, Guam, l’Inde, le Monténégro, le Népal, le
Pakistan, les Philippines ».
Or, dans Le Monde, Marc Gozlan rapporte que le
Statens Serum Institute de Copenhague estime que BA.2 est 30
% plus transmissible que BA.1 et qu’on observe, depuis que BA.2 est
devenu dominant dans le pays, une augmentation du nombre des
hospitalisations et des décès.
En revanche, l’OMS note pour l’heure qu’il ne semble pas y
avoir de différence de sévérité de l’épidémie dans les pays où BA.2
est dominant par rapport à ceux où BA.1 est
majoritaire.
Frédéric Haroche