
Une incidence chez les 0-9 ans similaire à celle constatée chez leurs parents
Le dépistage intensif réalisé dans les écoles maternelles et primaires a rapidement confirmé des taux d’incidence record chez les plus jeunes. Dans les deniers jours du mois de janvier, la moitié des tests positifs concernaient les moins de 19 ans. Cependant, l’incidence a été globalement similaire à celle de leurs parents (adultes de 30/39 ans) ce qui rappelle une nouvelle fois la faible efficacité de la vaccination pour ralentir la circulation du virus.Flambée des cas de PIMS : une vigilance unanimement partagée
Parallèlement à cette forte hausse des contaminations, une augmentation des hospitalisations, notamment pour Syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS) fut observée. Tant les autorités sanitaires que les professionnels se tinrent alors en alerte. Ainsi, la Haute autorité de Santé (HAS) lança une campagne de sensibilisation destinée à faciliter le repérage des signes inquiétants par les parents et les praticiens. Parallèlement, la présidente de la Société française de pédiatrie (SFP), le Pr Christèle Gras-Le-Guen, dont le discours vis-à-vis de SARS-CoV-2 chez l’enfant a toujours été mesuré et rassurant observait : « C’est un vrai sujet de vigilance et une source d’inquiétude ».Omicron ne fait pas de vague chez les plus jeunes
Cependant, aujourd’hui, le recul dont on bénéficie par rapport au début de la vague Omicron permet de confirmer ce que les données internationales et notamment britanniques annonçaient : ce variant présente également chez l’enfant une dangerosité moindre que les précédents. L’augmentation des hospitalisations constatées au mois de janvier ne s’est en effet pas poursuivie, rappelant que la majorité des cas de PIMS alors détectés étaient liés au variant Delta. Dans son dernier rapport sur le sujet, Santé publique France (SPF) analyse : « Au vu de l’incidence très importante du virus lors de la 5ème vague chez les enfants, il était à craindre une augmentation du nombre de cas de PIMS très supérieure à celle qui est actuellement observée. Le décalage de quatre à cinq semaines observé lors des premières vague de l’épidémie entre les pics de survenue des cas d’infection par le SARS-CoV-2 et ceux des PIMS, n’est plus retrouvé au cours de ces dernières semaines, pouvant laisser présager un impact différent du variant Omicron par rapport à celui des variants précédents, à la fois en termes de nombre de PIMS consécutifs mais aussi de délai d’apparition de ces cas par rapport à l’infection ». Le docteur Claudina Michal-Teitelbaum rappelle par ailleurs sur Twitter : « Le risque d’hospitalisation en réanimation (…) était déjà très faible en cas d’infection, de l’ordre de 1 pour 250 000 pour les autres variants » et note encore : « Le risque de décès est au maximum de 1 pour 100 000 infectés selon certaines études. Pour Omicron ces risques sont encore réduits. Une étude récente estime à nouveau les risques selon l'âge. Le risque avec les variants anciens d'infection sévère est estimé à 1/1000 infections (…). Le risque d'hospitalisation en soins intensifs de 1/10 000, de décès de 5/million pour les 0-9 ans ». Ainsi, le risque par rapport à de nombreuses autres infections semble si non restreint, en tout cas semblable. Des données récemment publiées par les Centres de contrôle et des maladies (CDC) aux Etats-Unis rappellent ainsi qu’outre-Atlantique la mortalité liée à la grippe chez les plus jeunes a été systématiquement plus élevée que celle associée à la Covid au cours des hivers précédents (sauf en 2011 et 2013).Chiffres extravagants
Avant cette observation de SPF, les pédiatres français avaient déjà abouti à des conclusions similaires. Dans une lettre publiée sur le site Infovac le 14 février, le professeur Robert Cohen et ses confrères remarquaient : « Les données fournies par le réseau GPIP-SFP montrent que 40 à 60 % des cas hospitalisés sont des Covid « fortuits ou accessoires », ce que SPF ne peut pas évaluer précisément. Même en réanimation et soins intensifs, 1/3 des cas Covid sont fortuits ou accessoires. (…) Au 10 Février, 6 semaines après le début de la déferlante Omicron, Il n’y a pas d’augmentation du nombre de cas de PIMS ». Enfin, ils déploraient l’alarmiste des médias en notant : « La mortalité, contrairement à des chiffres extravagants circulant dans les médias, reste faible ».Responsabilité médiatique
Cet alarmisme des médias a également été regretté par des médecins canadiens dans une récente tribune publiée sur le site du National Post. Les docteurs Martha Fulford, J. Edward Les et Pooya Kazemi regrettent dans ce texte le « biais de négativité » quasiment systématique des journaux et chaînes d’information à propos de la Covid chez l’enfant. « Partout en Amérique du Nord, il n’est pas rare de rencontrer des parents qui sont absolument terrifiés à l’idée que leurs enfants contractent la Covid. En effet, de nombreux parents surestiment considérablement les dommages potentiels de la COVID pour leurs enfants. (…) Une grande partie de la responsabilité de cela peut être imputée à une couverture médiatique biaisée et déformée – une couverture qui devrait être considérée comme de la désinformation, mais qui n’est jamais épinglée comme telle par ceux qui s’emploient à dénoncer les fausses informations. (…) Bien que la mort d’un enfant soit toujours tragique, les histoires de décès pédiatriques liés à la Covid sont souvent sensationnalisées par les médias et élevées au-dessus des autres causes de décès plus courantes dans cette catégorie de la population. Certains médias, même lorsqu’ils admettent que les décès liés à la Covid sont rares chez les enfants, attisent une atmosphère de peur en publiant des histoires dramatiques, par exemple sur la Covid longue, suggérant qu’un grand nombre d’enfants ayant des antécédents d’infection par SRAS-CoV-2 sont condamnés à une vie d’invalidité ». Or, concernant la Covid longue chez les enfants, ils rappellent cette conclusion de « la plus grande étude jamais publiée sur le sujet (…) dans le European Journal of Pediatrics; (…) : « La Covid longue chez les enfants est rare et principalement de courte durée. » Pour les auteurs de cette tribune, les conséquences de cet alarmisme médiatique exagéré pourraient être bien plus graves que la Covid : « Il engendre un cycle perpétuel et paralysant d’anxiété et de peur, beaucoup étant incapables de revenir à la normale et certains développant même un syndrome de stress Covid. (…) L’incidence de problèmes médicaux aussi graves que le diabète de type 2 et l’obésité – avec des conséquences à vie – a considérablement augmenté. Les troubles de santé mentale montent en flèche, y compris l’augmentation catastrophique des troubles de l’alimentation ». Si bien sûr, il faudra s’assurer que ces conséquences ne soient pas à leur tour en partie « exagérées » il est certain qu’une réflexion sur la transmission de l’information à l’ère du Covid semble indispensable.Aurélie Haroche