Les hôpitaux français particulièrement sensibles aux cyberattaques

Paris, le mardi 1er mars 2022 – Les établissements de santé ont connu un nombre record de cyberattaques en 2021 et la guerre en Ukraine pourrait aggraver la situation.

Des gangsters au service du gouvernement. Les pirates informatiques russes rassemblés au sein du groupe Conti ont annoncé ce vendredi leur « entier soutien au gouvernement russe » dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine et ont prévenu qu’ils « utiliseront toutes les ressources possibles pour attaquer les infrastructures critiques » des ennemis de la Russie. La guerre en Ukraine a ainsi ranimé la crainte d’une cyberattaque massive contre les infrastructures françaises avec comme principale cible nos hôpitaux.

Un papier et un stylo feront l’affaire

Parce que leur système informatique regorge de données sensibles (notamment les dossiers médicaux des patients), les établissements de santé sont en effet une cible privilégiée des « hackeurs ». Deux types de cyberattaque peuvent avoir lieu. Les pirates peuvent tout simplement voler des données sensibles et tenter de les revendre. En février 2021, 500 000 dossiers médicaux pillés dans les bases de données d’hôpitaux bretons et normands ont été retrouvés mis en vente sur le « darknet ».

Mais les hackeurs utilisent aussi la technique du rançongiciel, qui consiste à envoyer à l’hôpital un logiciel malveillant qui va chiffrer et rendre inutilisable l’ensemble de ses données informatiques puis demander une rançon en échange du déchiffrage. C’est la mésaventure qui est arrivé au CHU d’Arles, victime d’une cyberattaque qui a rendu illisible le dossier de tous leurs patients en août dernier. L’hôpital refusant de payer la rançon, les médecins et infirmiers sont revenus au bon vieux système du papier et du stylo pendant une quinzaine de jours, sans que la prise en charge des patients n’en soit altérée assurait à l’époque la direction.

Les cyberattaques en hausse en 2021

Les cyberattaques contre les hôpitaux sont en hausse ces dernières années, assure l’Agence du numérique en Santé (ANS), qui indique avoir reçu 730 signalements pour des incidents de ce type en 2021 contre 369 en 2020. Des attaques qui peuvent avoir des conséquences graves : 34 incidents informatiques ont mis en danger la vie d’au moins un patient en 2020.

Cette hausse est en partie due à la pandémie de Covid-19, qui a obligé les hôpitaux à une numérisation à marche forcée et a augmenté leur vulnérabilité et les points d’entrée dans leur système informatique. L’ANS indique ainsi avoir émis 2 000 alertes en 2021 à propos de vulnérabilités informatiques potentielles dans les hôpitaux, en hausse de 150 % sur un an. Par ailleurs, la crise sanitaire a donné lieu à un autre type d’attaque visant à obtenir de faux passes sanitaires. Cette fois ci, c’est l’Ordre des médecins et les pharmaciens qui ont été visés, dont les systèmes informatiques présentent « de petites lacunes en termes de sécurité ».

La guerre en Ukraine et les tensions entre l’Occident et la Russie font naitre la crainte d’attaques de pure malveillance cette fois, visant uniquement à déstabiliser nos systèmes de santé. Pour le moment, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) rappelle « qu’aucune cybermenace visant les organisations françaises en lien avec les récents évènements n’a pour l’instant été détectée ». Mais la vigilance reste de mise et dans certains établissements, comme ceux du GHU de psychiatrie de Paris, il est demandé aux agents d’être particulièrement vigilants dans leurs envois de mails, souvent la porte d’entrée des cybercriminels.

Quentin Haroche

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