Bientôt une pénurie de médecins étrangers à l’hôpital ?

Paris, le mercredi 2 mars 2022 – Ces dernières années, les médecins étrangers sont devenus l’une des chevilles ouvrières de l’hôpital. Ces praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) étaient assez enthousiasmés par la création d’un nouveau statut de praticien associé.

Inscrit dans la loi Buzyn de 2019, ce statut doit se substituer progressivement à ceux de praticien attaché associé et d’assistant associé qui disparaîtront le 1er janvier 2023.

Deux procédures d’autorisation d’exercice sont possibles : le concours dit d'épreuves de vérification des connaissances (EVC) et la procédure dérogatoire transitoire dite « procédure stock ». Or, ces deux procédures, censées se terminer le 31 décembre 2022, accusent un retard important. Pour le syndicat des Padhue, « les reports et le nombre insuffisant de réunions des commissions font qu’il est impossible d’achever le traitement des dossiers avant la date butoir ». Or, au 1er janvier 2023, la réforme prévoit que les établissements de santé devront mettre fin aux fonctions des praticiens « dès lors qu’ils ne sont entrés dans aucun dispositif d’autorisation d’exercice ».

Également, avec la réforme, les lauréats ne pourront plus être directement recrutés par les établissements de santé. C’est désormais l’État qui leur propose une affectation via une liste fermée de postes. « Les postes qu’on demandait ont disparu. Résultat : on ne peut pas recruter de praticiens étrangers alors qu’on en a besoin ! », fustige ainsi le Dr François Braun dans Libération. Aussi, le Snpadhue demande l’ouverture de postes « en adéquation avec les exigences de leur parcours de consolidation des connaissances, pour chaque spécialité ».

« Une loi qui n’a pas été pensée »

C’est peut-être le Dr Amel Baali Cherif qui a le mieux résumé cette dernière problématique dans Ouest France.

« Nous sommes des heureux lauréats de l’EVC 2021 (épreuves de vérification des connaissances), un concours sélectif destiné aux médecins étrangers pour pouvoir exercer en France. Jusqu’à présent, un lauréat choisissait son poste et son affectation du moment que le service était labellisé « validant ». Cela se faisait bien sûr par un recrutement classique avec CV et entretien, une procédure qui est tout à fait normale. Cette année, le ministère a décidé de changer les règles du jeu. Les lauréats sont affectés à un poste en fonction de leur rang de classement sur le territoire français, y compris en outre-mer et dans les déserts médicaux. Ce choix se fait selon une liste très restreinte et sans aucune latitude. Cette règle du jeu que nous subissons ne prend en compte en aucune manière nos engagements et notre dévouement professionnel, ni la vie familiale de chacun. Pour résumer, nous devons tout quitter (famille, service hospitalier) et aller au gré des affectations sans aucune maîtrise sur notre avenir professionnel et personnel. Aujourd’hui, on nous impose de tout laisser et de repartir à zéro ailleurs en France par un jeu subtil de hasard que personne ne maîtrise. Aucune maîtrise sur la région, commune ou ville d’affectation. Aucune maîtrise sur le service qui ne sera connu que le jour où nous débarquerons ». Elle conclut, « cette loi n’a pas été pensée et les principaux concernés vont devoir encore une fois être sacrifiés pour pallier une gestion catastrophique qui n’arrange pas les établissements. Elle est également dangereuse pour des praticiens qui souffrent déjà énormément des conditions dans lesquelles ils doivent exercer ».

Emmanuel Haussy

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Vos réactions (1)

  • Pénurie, état normal de la France

    Le 02 mars 2022

    C'est le Numerus Clausus (NC)qui a été une ânerie d'Etat et un souci débile de recrutement de Clientèles des médecins francais qui avaient déjà essayé le truc avec l'Exclusion des Israélites en 40... !
    Créateur (un des premiers 120 du SML) j'ai protesté en 1982 contre ce NC dont les "Honoraires Libres" (appelés ensuite secteur 2...) désirant une médecine lente et sérieuse, n'avaient pas besoin...mais au contraire souhaiteraient plus de confrères nécessaires à ce Projet!?
    Las...ils suivirent la vieille mentalité et votèrent Pour le NC.
    A quoi pensent-ils aujourd'hui? ...Au souci de leur retraite non assurée! C'est tout...

    Dr Jacques Borek

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