
Paris, le jeudi 10 mars 2022 – Un ensemble de 35 organisations, syndicats de médecins libéraux représentatifs, Ordres professionnels, groupes d’élus et de citoyens emmenés par l’Association des maires ruraux de France (AMRF) se sont unis pour établir une série de propositions, à destination des candidats à la présidentielle, sur les déserts médicaux.
Fait remarquable, les « quatre propositions consensuelles » pour les zones sous denses ont été adoptées à l'unanimité par les signataires.
« Pas la révolution… »
« Ce n’est peut-être pas la révolution, mais nos propositions ont au moins le mérite d’être partagées par tous. Et donc d’être applicables tout de suite (…) notre objectif était de trouver le plus petit dénominateur commun et de travailler ensemble sur une organisation », synthétise le maire de Fercé-sur-Sarthe et vice-président de l’ARMF, Dominique Dhumeaux.
Les deux premières propositions concernent les médecins en formation. Le collectif propose de donner les moyens aux étudiants et aux internes de faire des stages « hors du lieu de formation initiale » en développant les maîtres de stages universitaires « dans toutes les professions médicales, paramédicales et pharmaceutiques ». « L'idée est de faire venir, connaître et apprécier la vie en milieu rurale pour les étudiants en santé » détaille Gilles Noel maire de Varzy dans la Nièvre.
Ce développement serait également permis par la mise en place d’hébergements territoriaux des étudiants en santé (HTES) et des aides aux transports. A ce jour, seuls « quelques départements comme la Vendée ont déjà créé ces hébergements avec un loyer modéré », indique Mathilde Renker, présidente de l’ISNAR-IMG. Aussi, est suggérée la création d’un guichet unique d’accompagnement qui centraliserait, à l’échelle de chaque département, « les besoins territoriaux, les aides financières, l’accompagnement administratif et les informations relatives à la vie familiale du professionnel ».
Les 35 organisations proposent également de créer des équipes de soins coordonnées autour du patient (Escap). Ce modèle organisationnel, « plus simple et souple » est promu par l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS). Il permettrait à ces derniers qui identifieraient un besoin de coordination pour un patient d’utiliser une application pour solliciter d'autres professionnels désignés par le patient pour constituer cette équipe. La CNAM aurait accepté l'ouverture de négociations fin mars en vue d'un avenant à l'accord-cadre interprofessionnel consacré à la reconnaissance de ces équipes.
Le collectif propose aussi de « faciliter les exercices mixtes, ville/hôpital, particulièrement en zone sous-dotée » et le développement du partage de compétences.
Sur ce dernier point, il appelle à un dialogue constructif sur le sujet. « Il faut savoir comment revisiter les justes aspirations des uns et des autres dans une vision coordonnée du parcours de soins, y compris avec des conséquences sur les flux de formation des professionnels, explique le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président de l'Ordre des médecins.
« Nous n’allons pas venir prendre les prérogatives du médecin. Mais le but est de voir évoluer le parcours patient pour le fluidifier » promet quant à lui François Randazzo, président du syndicat de masseurs kinésithérapeutes Alizé.
Les candidats, accaparés par d’autres dossiers brulants, porteront-ils une oreille attentive à ces propositions : la question reste posée.
Xavier Bataille