Y a-t-il un risque psychiatrique pour l’enfant conçu par PMA ?

Récompense prestigieuse attribuée par l’assemblée Nobel, un aréopage de cinquante professeurs du Karolinska Institutet (Institut Karolinska de Stockholm, en Suède), le Prix Nobel de physiologie ou médecine honore chaque année, selon les dispositions testamentaires d’Alfred Nobel, des médecins ou des chercheurs (dans des disciplines fondamentales du champ biomédical) « dont l’œuvre a rendu de grands services à l’humanité. »

Comme le montre un article de JAMA Psychiatry, publié par une équipe du Département d’épidémiologie médicale et de biostatistique de l’Institut Karolinska, les membres de cette institution s’adonnent eux-mêmes à la recherche. En l’occurrence, il s’agit d’un suivi à long terme des troubles psychiatriques chez les enfants et adolescents conçus par des techniques de procréation assistée (PMA).

Pas plus de TOC, finalement ni d’autres troubles

Les participants sont nés en Suède entre le 1er janvier 1994 et le 31 décembre 2006, et leur suivi s’est terminé le 31 décembre 2018, à l’âge de 12 à 25 ans (âge médian : 18 ans, écart interquartile : 15–21 ans). Au total, 1 221 812 sujets (48,6 % de femmes et 51,4 % d’hommes) sont inclus dans cette étude, parmi lesquels 31 565 (soit 2,58 %) ont été conçus à l’aide d’une technique de procréation assistée. Les auteurs constatent que, comparativement aux autres sujets, les adolescents conçus après le recours à une technique de procréatique ont un « risque plus élevé de trouble obsessionnel compulsif » : Hazard ratio = 1,35 [intervalle de confiance à 95 % IC 1,20–1,51], Mais cette association est « atténuée » et « n’est plus statistiquement significative », après l’ajustement des données sur des caractéristiques parentales (Hazard ratio ajusté = 1,10 [IC 0,98–1,24]). Et comparativement aux sujets nés de parents non traités pour infertilité, les sujets nés après une procréation assistée ne se révèlent pas exposés à un risque plus élevé d’autres troubles (comme le risque de dépression ou de comportement suicidaire). Autre constat : la technique précise de procréation médicalement assistée (fécondation in vitro « standard » ou injection intracytoplasmique de spermatozoïdes) ne semble avoir « aucune influence » sur ces résultats. Toutefois, comme ils observent que les enfants nés d’un transfert d’embryons « frais mais non congelés » ont « un risque plus faible de troubles de l’humeur » (HR ajusté = 0,90 [0,83–0,97] IC : 95%), les auteurs estiment le transfert d’embryon congelé (frozen embryo transfer) « moins avantageux » que le transfert d’embryon frais (fresh embryo transfer), quand celui-ci est possible.

Dr Alain Cohen

Référence
ChenWang & coll.: Long-term follow-up of psychiatric disorders in children and adolescents conceived by assisted reproductive techniques in Sweden. JAMA Psychiatry; 2022 vol 79(2): 133–142.

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Vos réactions (1)

  • Qui sait ?

    Le 13 mars 2022

    La PMA pour toutes les femmes est désormais autorisée en France. Le décret sur la procréation médicalement assistée (PMA) a été publié au Journal officiel le mercredi 29 septembre 2021. La procréation médicalement assistée, ou PMA, pour toutes les femmes est désormais autorisée en France.

    Comment juger de ce risque ? Il faudra 20 ans pour savoir si l'absence OFFICIELLE du père portera préjudice à l'enfant. Personne ne sait encore si ce préjudice sera supérieur à l'absence du père par abandon dont on connait depuis longtemps les effets.

    Dr JD

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