Il n’est jamais trop tard…

Lille, le samedi 19 mars 2022 – Pour tout médecin en herbe, la fin des études et le serment d’Hippocrate constituent un aboutissement et la fin d’un long parcours. C’est sans doute encore plus vrai pour Karim Ounas, qui a soutenu sa thèse en janvier dernier et qui est désormais médecin-réanimateur à l’hôpital de Tournai en Belgique. Ce « jeune » médecin a en effet la particularité d’avoir terminé ses études de médecine à 47 ans, alors que la plupart de ses camarades de promotion n’ont même pas encore atteint l’âge de 30 ans.

Né à Houplines, petite ville de la banlieue lilloise, en 1973, le Dr Ounas, comme il faut désormais l’appeler, est issue d’un milieu plus que modeste. Ses parents, immigrés algériens, tentent tant bien que mal de subvenir aux besoins de leurs six enfants. A la maison, seul le père sait lire et écrire le français sommairement. Peu étonnant dans ce contexte que Karim Ounas ait quitté l’école à 16 ans seulement, sans même le brevet des collèges en poche. Désireux de ramener de l’argent à la maison, il devient agent d’entretien…au centre hospitalier d’Armentières.

Dès lors, le jeune homme va découvrir la médecine à distance, en observant médecins et infirmiers. En 1990, il devient brancardier. « J’ai aimé apprendre des gestes techniques de secourisme, ce qu’était la pression artérielle, ce genre de choses, ça m’a mis la puce à l’oreille » raconte-t-il plus de 30 ans plus tard. Après avoir un temps envisagé de devenir policier, Karim Ounas se laisse convaincre de reprendre ses études, sous l’impulsion du Dr Jean-Louis Merten, devenu son ami. A 22 ans, il obtient son brevet des collèges puis son DAEU (diplôme d’accès aux études universitaires, équivalent du baccalauréat) à 24 ans.

La première année de médecine, sa plus grande fierté

Devenu infirmier psychiatrique puis infirmier réanimateur en 2007, Karim Ounas décide ensuite de se lancer dans son plus grand défi : les études de médecine. En 2010, à 37 ans et avec deux enfants à bas âge, il affronte la redoutable première année de médecine, « le moment le plus dur » de son parcours de son propre aveu. Jonglant entre son travail d’infirmier et les études, il parvient contre toute attente à être admis au concours. « Beaucoup de personnes n’y croyaient pas, le jour des résultats cela a été une sensation bizarre comme si moi-même je n’y croyais pas » se rappelle-t-il plus de 10 ans plus tard. Même après avoir prêté le serment d’Hippocrate, sa réussite au concours de première année constitue toujours sa plus grande fierté.

Aujourd’hui, Karim Ounas est un médecin « comme les autres ». Au service de réanimation de Tournai, il prend notamment en charge les patients atteints de la Covid-19, qui se font heureusement de plus en plus rare dans les services de soins critiques belges. Sa soif d’apprentissage est toujours intacte, puisqu’il suit actuellement une formation de spécification en soins intensifs. Le Dr Ounas dit ne pas spécialement regarder vers le passé et n’est pas du genre à raconter son parcours hors norme à chaque personne qu’il croise. Pour lui, il est seulement l’incarnation qu’ « il y a toujours possibilité d’arriver à quelque chose si on s’en donne les moyens ». 

Quentin Haroche

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