
Les infections à Covid-19 chez les nourrissons, en particulier au cours d’épidémies en crèche, sont bien documentées mais les publications sont généralement consacrées aux transmissions intrafamiliales et aux nouveau-nés de mères infectées. La description des tableaux cliniques est habituellement incomplète.
Une étude américaine s’est basée sur un réseau rassemblant les enfants et adolescents atteints de Covid-19 hospitalisés (Overcoming COVID-19 Network) sur 62 sites dans 31 états. L’analyse s’est cependant limitée aux enfants symptomatiques de plus de 7 jours et moins d’un an, entre-le 15/03 et le 27/12/2020. Les patients étaient identifiés par RT-PCR à l’admission comme ayant la Covid 19 et ceux qui étaient asymptomatiques ou avaient une raison autre sans relation avec la covid-19 d’être hospitalisé ou encore avaient un du syndrome inflammatoire multisystémique ont été exclus.
La sévérité de la maladie était jugée sur la nécessité de mise en œuvre d’une oxygénothérapie, d’une ventilation, d’une dialyse, de vasopresseurs. En tout, les cas de 2 113 enfants ont été rapportés, y compris 232 (11 %) nourrissons symptomatiques. Sur le total des patients, 630 enfants étaient atteints d’une forme sévère dont 128 nourrissons (20,3 %) soit un pourcentage disproportionné par rapport à l’ensemble. Une proportion notable (69 %) des nourrissons appartenait à une minorité ethnique et 32 % souffraient d’une comorbidité ; 12 % étaient nés prématurément ; 54,5 % étaient des garçons.
Atteinte respiratoire au premier plan
La complication la plus fréquente a été respiratoire, 93/128 (73 %), dont 34 % avec des signes cliniques d’infection respiratoire basse et 39 % un infiltrat (39%) à la radio. Si parmi ces 128 nourrissons, 68 (53 %) n’ont pas nécessité de support respiratoire, 24 ont eu une oxygénothérapie seule (19 %), 19 administrées avec une ventilation non invasive (15 %), 15 ont été en ventilation mécanique (12 %), 2 en oxygénation extra corporelle (1 %). Un décès a été déploré. Les autres complications étaient hématologiques (24 %), cardiaques (24 %), neurologiques (22 %), rénales (16 %). Ces atteintes organiques étaient plus souvent observées à l’âge d’un à 3 mois. En outre, des signes digestifs étaient présents dans 49 % des cas. Les formes sévères avaient un rapport neutrophiles /lymphocytes plus élevé (P=0,007). Une admission en unité de soins intensifs a été évidemment plus fréquente pour les cas classés sévères que dans les non sévères (30,8 % vs 8,8 %, P<0,001) et la durée d’hospitalisation plus longue (médiane 2 jours (IIQ 1-4) vs 1 jour (IIQ 1-2 P<0,001).
Ainsi, les nourrissons représentaient dans cette série plus du cinquième des patients de moins de 18 ans ; 75 % avaient moins de 6 mois, ce qui souligne l’importance de la vaccination des mères. Les complications, en particulier respiratoires étaient le plus souvent révélatrices.
Pr Jean-Jacques Baudon