
Fort-de-France, le lundi 23 mai 2022 – La rumeur d’une prochaine fermeture des urgences du CHU de Martinique a été démentie par la direction.
On le sait, les relations entre les médecins hospitaliers antillais et leur direction sont assez tendues, surtout depuis les réactions violentes suscitées par la mise en place progressive de l’obligation vaccinale pour les soignants fin 2021. La polémique des derniers jours sur la situation du service des urgences du CHU de Martinique (CHUM) ne devrait pas améliorer la situation.
La direction du CHUM écarte toute fermeture
Jeudi dernier, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, un groupe de soignants martiniquais a dénoncé la situation difficile de leur service : travail à flux tendu, manque de lits, manque de personnel, épuisement des effectifs… Une offre de soins dégradée qui créé des situations de « maltraitance » pour les patients, certains devant attendre plus de 24 heures avant d’être pris en charge. Dans leur communiqué, les urgentistes pointaient du doigt la responsabilité des pouvoirs publics et de leur direction, qui n’auraient pas pris en compte leurs messages d’alerte. « Cela fait des années que nous alertons sur les situations de plus en plus critiques en matière d’hospitalisation et de capacité de fonctionnement des urgences » écrivaient-ils. Surtout, les soignants n’hésitaient pas à indiquer dans leur communiqué que « la fermeture des urgences de l’hôpital de Fort-de-France est imminente ».
Une information immédiatement démentie par la direction du CHUM. Dans un communiqué diffusé ce vendredi, elle indique que « les services d’urgence ne sont aucunement menacés de fermeture, même partielle ». Tout en reconnaissant que « l’activité est actuellement soutenue et complexe », les dirigeants du CHUM indiquent que plusieurs dispositifs ont été mis en place pour répondre à l’afflux de patients sans interrompre l’activité du service des urgences, comme l’ouverture de lits d’aval ou une régulation accrue par le SAMU. L’ARS et le CHUM appellent d’ailleurs « la population au civisme en cette période de forte affluence aux urgences » et conseillent aux martiniquais d’appeler en priorité le 15 ou de consulter leur médecin traitant avant de se rendre aux urgences. « La continuité des soins reste maitrisée » conclut le CHUM, avant de saluer « l’investissement sans faille de ses personnels » comme pour éteindre toute polémique.
Reprise de l’épidémie de Covid-19 en Martinique
Cette rumeur d’une possible fermeture des urgences de Fort-de-France s’inscrit dans un contexte plus large d’une pénurie de personnel soignant qui affecte particulièrement les services des urgences dans toute la France. Selon l’association Samu-Urgences de France, 120 hôpitaux font face à des difficultés dans l’accueil des patients aux urgences, soit 20 % des établissements disposant d’un tel service. Au CHU de Bordeaux, les urgences ont décidé de fermer leurs portes la nuit, sauf pour les patients acheminés par le SAMU ou orientés par le 15. D’autres services, comme celui de Grenoble, pourraient suivre le même exemple.
En Martinique, les soignants craignent que la Covid-19 puisse aggraver la situation. L’épidémie est en effet en recrudescence depuis un mois, avec un taux d’incidence de 1 335 cas par semaine pour 100 000 habitants, un taux quatre fois supérieur à la moyenne nationale. Avec seulement 40 % de sa population vaccinée, la Martinique semble particulièrement vulnérable en cas de nouvelle vague. Pour l’instant, cette reprise épidémique n’a cependant pas de graves conséquences : 19 % des lits de réanimation sont occupés par des patients Covid-19 et seulement deux personnes sont mortes sur l’île la semaine dernière.
Quentin Haroche