
Comme le rappelle l’éditorialiste de l’American Journal of Psychiatry, le cannabis constitue désormais dans le monde « la troisième substance psychoactive la plus consommée, après l’alcool et le tabac. » Bien que de nombreux consommateurs le considèrent comme une substance « relativement sûre », les risques pour la santé ne sont pourtant plus à démontrer. Mais la « criminalisation » de son usage complique parfois le travail des chercheurs pour étudier son impact médical et psychiatrique, notamment par l’absence de mesures de consommation standardisées : utilisées de manière fiable dans la recherche, la pratique clinique ou les politiques réglementaires en matière d’alcool et de tabac, elles restent sans équivalent pour la consommation de cannabis.
Pour l’auteur, l’absence d’une telle standardisation autour du cannabis est l’une des raisons pour lesquelles la littérature scientifique concernant son impact sur la santé psychique serait « grevée d’effets incohérents. » En outre, peu de travaux ont été conçus pour évaluer l’impact des mesures contre la drogue sur la santé psychique. En particulier, la judiciarisation de la consommation peut contribuer à marginaliser encore davantage certains utilisateurs en réduisant la probabilité qu’ils poursuivent des études supérieures ou aient des opportunités d’emploi, lesquelles instaureraient au contraire un cercle vertueux en « améliorant le développement cognitif et en protégeant contre un déclin cognitif prématuré. »
Mais la libéralisation actuelle des politiques à l’égard du cannabis permet une étude plus approfondie de questions anciennes et non résolues sur les effets de ce produit comportant des mesures plus rigoureuses et des comparaisons entre des juridictions avec des politiques et des pratiques plus ou moins protectrices ou stigmatisantes en matière de drogue. Pour examiner l’impact à long terme de différentes politiques de santé et de toxicomanie, l’auteur préconise de « reconnaître la nécessité d’une nouvelle vague d’études de cohorte sur le développement mieux conçues. » Cette approche exige de réaliser des études longitudinales rigoureuses visant à comprendre comment la gestion des substances addictives contribue à leur maîtrise ou à leur nocivité.
Dr Alain Cohen