Selon des « données probantes » provenant des États-Unis et du Canada, et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer a priori, les jeunes immigrants ont en moyenne une santé mentale similaire ou meilleure que celle des jeunes non issus de l’immigration, malgré une exposition accrue à la pauvreté et à l’adversité sociale : chômage, décalage culturel, difficultés socio-économiques...
Connu outre-Atlantique sous le nom d’« immigrant paradox[1] » (ou paradoxe de santé des immigrants), ce phénomène « mal expliqué » (unclear) fait l’objet d’une étude transversale, menée auprès de 1 449 jeunes et de leurs soignants dans l’Ontario (la province la plus peuplée du Canada).
Les auteurs ont réalisé des entretiens structurés assistés par ordinateur et administrés séparément aux soignants et aux jeunes, en s’informant notamment sur l’environnement familial : surveillance parentale, valeurs éducatives, et contexte socio-économique.
Puiser dans les ressources familiales
Cette étude confirme que les jeunes immigrants de la première et de la deuxième génération présentent en effet moins de manifestations de problèmes psychiatriques ou psychologiques, comparativement aux jeunes non issus de l’immigration.
Suggérant l’existence d’effets protecteurs potentiels des processus familiaux parmi les jeunes immigrants, cette étude envisage aussi qu’avec une meilleure connaissance des processus intra-familaux (rôle des parents et des compétences familiales), ces effets positifs pour les jeunes immigrants pourraient aussi être étendus aux jeunes non issus de l’immigration.
Voyant dans les familles des intéressés une « voie de résilience
» susceptible d’expliquer ce paradoxe des immigrants, les auteurs
proposent de s’appuyer sur ces ressources familiales pour inverser
les tendances à la détérioration de la santé mentale observées dans
les générations successives de jeunes immigrants et, par extension,
pour réduire le risque de difficultés comportementales chez les
jeunes non-immigrants.
Dr Alain Cohen
