Le vaccin anti-HPV pour combattre les verrues récalcitrantes ?

Le traitement des verrues « vulgaires » peut faire appel à différentes méthodes allant de la cryothérapie à la chirurgie en passant par les topiques verrucides, l’immunothérapie locale ou le laser. Nonobstant ces différentes possibilités il faut bien reconnaître que certaines verrues se montrent récalcitrantes et qu’aucune technique ne peut se targuer d’une efficacité définitive.

Récemment il a été proposé de recourir à la vaccination anti HPV dans les cas de verrues multiples rebelles et récidivantes et quelques cas traités avec le vaccin anti HPV à 9 valences ont été rapportés.

Une équipe coréenne a entrepris une étude ouverte non contrôlée à un seul bras pour évaluer l’intérêt du vaccin anti HPV à 9 valences face à des verrues récalcitrantes définies comme des verrues persistantes depuis au moins un an et n’ayant pas répondu à au moins deux traitements classiques. En tout 45 patients affectés par ce type de verrues ont reçu le vaccin à 0, 2 et 6 mois. Les patients ayant eu des traitements pendant la phase de vaccination ont été exclus.

La moyenne d’âge des patients était de 28,7 ans et la « maladie » durait depuis en moyenne 3,4 ans. Le nombre moyen de verrues était de 15,7 et le plus souvent il s’agissait de verrues plantaires (57,8 %) puis de verrues périunguéales (44,4 %).  Et en moyenne les patients avaient reçu trois traitements auparavant.

Disparition des verrues dans près de deux tiers des cas

A trois mois après la dernière dose de vaccin, 28 patients soit 62,2 % bénéficiaient d’une disparition complète de toutes leurs verrues dont 15 des 20 patients avec des verrues périunguéales (sans déformation de l’ongle), 4 avaient une réponse partielle c’est-à-dire une diminution du nombre et de la taille des verrues, tandis que pour 13, il n’y avait pas de résultat.

Le délai moyen avant la réponse a été de 12,8 semaines (1 à 30 semaines) après la première injection et l’amélioration clinique éventuelle s’est manifestée après la première et la seconde injection dans la majorité des cas (35,7 % et 43,8 % respectivement). Il n’y a pas eu de récidive dans le groupe avec réponse complète.

Par ailleurs le taux de réponse a été plus faible chez les patients de plus de 26 ans (55 %) que chez ceux de 9 à 26 ans (84 %). Autrement dit l’efficacité du vaccin semble diminuer avec l’avancée en âge.

Le taux de réponse de 62,2 % obtenu dans cette étude est plus élevé que dans des études précédentes (entre 43,7 % et 46,7 %) menées avec un vaccin à 4 valences.

Malgré le faible effectif de cette étude, par ailleurs ouverte et non contrôlée, ces résultats semblent ne manquent pas d’intérêt et incitent à recourir au vaccin anti HPV à 9 valences pour le traitement des verrues récalcitrantes en particulier pour les jeunes patients qui par ailleurs sont candidats à recevoir ce vaccin dans le cadre de la prévention des cancers anogénitaux.

Dr Marie-Line Barbet

Référence
Shin JO et coll. : Nonavalent human papilloma virus vaccine for the treatment of multiple recalcitrant warts: An open-label study. J Am Acad Dermatol., 2022; 86(4):940-941. doi: 10.1016/j.jaad.2021.03.074.

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