
Paris, le mercredi 20 juillet 2022 – La possible réintégration des soignants non vaccinés contre la Covid est régulièrement évoquée et parfois présentée comme une solution pour contribuer à pallier les difficultés actuelles de l’hôpital public.
En attendant la HAS et le CCNE…
Dans ce contexte, il y a une dizaine de jours le ministre de la Santé François Braun a annoncé, lors d’une audition sur le projet de loi « de veille et de sécurité sanitaire » au Sénat, la saisine imminente de la Haute Autorité de Santé (HAS) et du Conseil national d’éthique (CCNE) sur ce sujet épineux.
Il évaluait à environ 12 000 le nombre d’agents hospitaliers non-vaccinés (soignants ou non) et à 0,4 % la proportion de professionnels de santé récalcitrants.
Dans ce dossier, le Dr Braun marche sur des œufs tant les soignants apparaissent divisés. Un sondage publié sur JIM en juin mettait ainsi en évidence une séparation en deux blocs quasi égaux des professionnels de santé sur cette question : 54 % étaient favorables à la réintégration et 46 % contre.
C’est vers cette deuxième option qu’a penchée, hier, l’Académie de médecine. Pour les sages de la rue Bonaparte la réintégration serait même une « faute ».
Un refus « respectable » mais « incompatible » avec le métier
L’institution académique souligne « que tout refus de se faire vacciner motivé par des convictions personnelles est respectable, mais incompatible avec le métier de soignant ».
En outre, elle estime que « la baisse d’efficacité des vaccins pour prévenir l’infection et la contagion par les nouveaux variants du SARS-CoV-2 ne saurait justifier la réintégration des non vaccinés » et qu’en tout état de cause la vaccination reste « très efficace vis-à-vis des différents variants et sous-variants pour protéger contre les formes sévères de Covid-19 ».
Elle revient également aux racines du refus et juge « qu’aucun des arguments ressassés (absence d’efficacité, effets indésirables, manque de recul…) ne permet de valider scientifiquement le refus de se faire vacciner, les véritables contre-indications médicales à la vaccination étant très rares ».
Au total, les Académiciens jugent que « la réintégration de professionnels de la santé non vaccinés au sein de l’équipe soignante compromettrait le climat de confiance et la cohésion qui doivent exister entre ses membres et avec les malades. Elle mettrait en péril les malades fragiles. Ne concernant qu’un nombre très limité de soignants, elle ne résoudrait pas les difficultés actuelles de fonctionnement de l’hôpital ». Elle exprime aussi « sa ferme opposition à un tel revirement ».
Gageons que cet avis tranché ne manquera pas d’agiter le
landerneau médical.
F.H.