Coup de chaud modéré sur les urgences

Paris, le lundi 25 juillet 2022 – La canicule a provoqué une hausse des passages aux urgences à laquelle les hôpitaux ont su globalement faire face sans difficulté.

Entre l’épidémie de Covid-19 qui n’en finit plus, la pénurie de soignants et la saturation des urgences, l’hôpital public français semble pouvoir vaciller à tout instant. A ce titre, certains observateurs étaient inquiets de la capacité de nos services hospitaliers à faire face à l’afflux de patients, nécessairement provoqué par la canicule record qui s’est abattu sur la France au début de la semaine dernière.

Plus de peur que de mal finalement, puisque les chiffres en provenance de Santé Publique France semblent indiquer que les hôpitaux ont loin d’avoir été débordés.

Certes, les hôpitaux français ont bel et bien connu un pic de passage aux urgences et d’hospitalisations lors de la canicule. A l’AP-HP, la fréquentation des urgences adultes a augmenté de 21 % entre le 17 et le 18 juillet et le nombre de dossiers de régulation au SAMU de 13 %. L’augmentation a été particulièrement importante à Paris, avec une hausse de près de 28 % des appels au SAMU en 24 heures.

Un impact sanitaire « gérable »

Mais cette progression de la fréquentation des hôpitaux aura été aussi importante que brève. Dès le lendemain, l’activité des services d’accueil des urgences (SAU) d’Ile-de-France a diminué de 10 %.

Ainsi, si l’on observe la fréquentation des urgences franciliennes sur les 15 derniers jours, on constate que « l’activité des services d’accueil des urgences adulte est relativement stable, tandis qu’elle a tendance à diminuer dans les services pédiatriques » concluait la direction de l’AP-HP ce jeudi soir.

Ces chiffres qui décrivent une augmentation d’activité modérée et contrôlée durant la canicule sont confirmés par les observateurs de terrain. « L’impact sanitaire de cette canicule est gérable », indique le Pr Frédéric Adnet, chef du service des urgences à l’hôpital Avicennes de Bobigny, qui estime la hausse de la fréquentation liée à l’épisode caniculaire à 15 %.

« Ce qu’on voit, ce sont majoritairement des cas de déshydratation, notamment chez les publics les plus fragiles ». Situation similaire au CHU de Rennes, où le Pr Louis Soulat, chef du service des urgences, constate qu’ « on reçoit surtout des jeunes qui font des malaises à la suite d’une exposition au soleil ce qui se gère assez vite ».

Les leçons de la canicule de 2003

Les soignants les plus expérimentés soulignent à quel point les choses ont évolué depuis la canicule de 2003, au cours de laquelle les hôpitaux avaient été débordés et où 15 000 personnes avaient perdu la vie. « Je pense qu’il y a eu un impact majeur des campagnes de prévention, les gens ont compris les gestes et savent se protéger » analyse le Pr Adnet. « Cela montre que ce qui est fait depuis 2003 marche » abonde dans le même sens le Pr Soulat.

Si la canicule et ses conséquences n’inquiètent donc pas outre mesure les urgentistes, le problème du manque de lits et de soignants est toujours pendant. « Ce qui est inquiétant, c’est plutôt le fait que 25 % de nos lits soient fermés à l’heure actuelle » explique le chef des urgences de l’hôpital Avicennes.

Au CHU de Rennes, la première quinzaine d’août s’annonce difficile, avec un pic de fréquentation due à la fermeture saisonnière de plusieurs services d’urgences de la région. Enfin, au CHU de Bordeaux, c’est une autre problématique qui mobilise les soignants, celle de gérer les conséquences des incendies de forêt.

Si l’hôpital, qui se tient prêt en « deuxième ligne » selon la direction, n’a eu à traiter aucun blessé des incendies pour le moment, il doit gérer la prise en charge des personnes déplacées. En début de semaine, ce sont 49 résidents d’un Ehpad menacés par les flammes qui ont du être accueillis par le CHU.

Quentin Haroche

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