
Paris, le lundi 8 août 2022 – Après trois mois d’épidémie, les experts estiment que le taux de létalité du virus de la variole du singe actuellement en circulation est inférieur à 0,05 %.
Entre le 28 juillet et le 1er août, cinq personnes contaminées par le monkey pox âgées de 22 à 45 ans sont mortes dans le monde (deux en Espagne, une en Inde, une au Pérou et une au Brésil), portant le bilan de l’épidémie à 10 morts. Des investigations doivent encore être menées pour déterminer si la variole du singe est bien la cause directe du décès de ces cinq personnes.
On sait déjà que les cas espagnols et indiens souffraient d’encéphalites, complication qui peut être provoqué par la variole du singe. En revanche, le patient brésilien souffrait de « comorbidités graves », tandis que la victime péruvienne avait une infection par le VIH non traitée, ce qui laisse penser que la variole du singe n’est peut-être qu’une cause accessoire de leurs décès.
1 % de létalité en Afrique, mais seulement 0,05 % en Occident
Cette série rapportée de décès interroge sur le taux de létalité du virus et est rassurante sur la possibilité que l’épidémie actuelle provoque un nombre important de morts dans le monde. Le 30 juillet dernier, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué qu’elle s’attendait à « plus de décès » en raison de la propagation de la maladie.
En Afrique, où la variole du singe est endémique, le taux de létalité du virus serait compris entre 3 et 6 %. Mais si la souche du Congo a un taux de létalité de 10 %, celui de la souche d’Afrique de l’Ouest, à l’origine de l’épidémie actuelle en Occident, n’est que de 1 %.
« On ignore dans quel mesure ce taux est transposable chez nous, nos systèmes de santé sont très différents de ceux des pays concernés » met en garde l’infectiologue Paul Loubet.
En effet, un meilleur système de santé mais aussi un dépistage accru font logiquement baisser le taux de létalité. « Nous disposons maintenant d’un échantillon de grande taille et le taux de létalité pour cette année est de 0,05 % selon les chiffres rapportés » estime Chloe Orkin, experte du SIDA et principale auteure de la plus grande étude menée sur la variole du singe (528 cas étudiés) publiée le 21 juillet dans le New England Journal of Medicine.
Avec 5 morts pour 27 875 cas confirmés hors Afrique, le taux de létalité est même de seulement 0,02 %.
Des rendez-vous de vaccination annulés
En France, aucun décès n’a pour le moment été à déplorer. Selon le dernier bilan de Santé Publique France publié ce jeudi, la France comptait 2 423 cas, dont la moitié en Ile-de-France. 99 % des observations confirmées concernent des hommes adultes et 96 % des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH).
Environ 3 % des contaminés ont dû être hospitalisés, ce qui concorde avec les taux d’hospitalisation observés dans les autres pays occidentaux touchés par l’épidémie.
L’organisation de la campagne de vaccination contre la variole du singe, réservée (pour le moment) aux homosexuels masculins et transsexuels multipartenaires, est rendue difficile par le manque de soignants disponible et probablement aussi, bien que le gouvernement refuse de le reconnaitre, par le manque de doses. Ce jeudi, la Direction Générale de la Santé (DGS) a donc décidé de rallonger le délai entre les deux doses de vaccin, au départ fixé à 28 jours.
Plusieurs personnes ont vu leur rendez-vous de 2ème dose annulé, notamment dans la région lyonnaise, alors que la DGS avait précisé que les rendez-vous déjà fixés devaient être honorés. Selon le service Check News du journal Libération, les sujets dont les rendez-vous ont été annulés n’ont toujours pas été recontactés, malgré les recommandations de la DGS.
Enfin, la variole du singe (monkeypox en anglais) devrait prochainement changer de nom. Le 14 juin dernier, le Dr Thedros Ghebreyesus, directeur de l’OMS, avait indiqué que la maladie allait être renommée. Le terme variole du singe est en effet jugé à la fois insultant (?) et inexact, puisque le virus est en réalité transmis par des rongeurs et non par des singes.
Deux comités de l’OMS planchent actuellement sur un nouveau nom et devrait rendre leur verdict dans les prochaines semaines : « monopox », « mopox » et « Mpox » pourraient être retenus. Le Comité international de taxonomie des virus (ICTV) pourrait aussi renommer le virus, également nommé « monkeypox ».
Le nouveau nom du virus pourrait cependant être assez similaire
à l’ancien, puisqu’il devrait vraisemblablement s’appeler «
orthopoxvirus monkeypox », afin d’éviter des problèmes de
référencement des articles scientifiques déjà parus.
Nicolas Barbet