Ukraine : la crainte d’un accident nucléaire ravivée

Kiev, le mardi 10 août 2022 – La centrale nucléaire de Zaporijjia dans le sud-est du pays a de nouveau été la cible de bombardements, ravivant la crainte d’un accident nucléaire de grande ampleur.

« L’utilisation d’armes nucléaires n’est pas une peur sans fondement ». Le message émane du maire de Nagasaki, ville japonaise qui commémorait ce lundi les 77 ans de sa destruction par un bombardement atomique et fait écho à la situation en Ukraine, où les récents évènements font craindre la survenue d’un accident nucléaire de grande ampleur.

En effet, le week-end dernier, la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par l’envahisseur russe depuis le 4 mars dernier, a de nouveau été la cible de frappes de missiles.

La zone de la centrale avait déjà été l’objet de violents combats lors de la prise de la région par les forces russes en mars dernier, sans provoquer d’accident nucléaire fort heureusement.

Le spectre de Tchernobyl

Dans le détail, la zone de la centrale a d’abord été touchée ce vendredi par des roquettes, qui ont endommagé une station de production d’azote, ce qui a conduit à l’arrêt d’un des trois réacteurs de la centrale. Le lendemain dans la soirée, un autre bombardement a eu lieu à proximité d’un lieu de stockage de combustibles usés, sans provoquer d’incident nucléaire.

Les deux belligérants se renvoient chacun la responsabilité de cette attaque, sans qu’aucune source indépendante n’ait pu déterminer l’origine des tirs.

L’Ukraine accuse par ailleurs la Russie d’utiliser la centrale comme une sorte de bouclier, puisque l’armée russe sait que les forces ukrainiennes n’oseront pas ouvrir le feu sur une installation nucléaire et l’utilise donc pour y stocker des munitions et lancer des attaques d’artillerie.

Cet incident ravive le souvenir douloureux de la catastrophe de Tchernobyl, plus grave accident nucléaire de l’histoire survenu dans une centrale nucléaire du nord de l’Ukraine (à l’époque partie intégrante de l’Union Soviétique) en 1986.

La centrale de Tchernobyl, à l’arrêt depuis 2000, a d’ailleurs été brièvement occupée par l’armée russe au début du conflit et Kiev affirme que plusieurs soldats russes ont été irradiés durant cette occupation.

L’annexion de la centrale en bonne voie

Le risque d’accident nucléaire à Zaporijjia inquiète au-delà des frontières ukrainiennes. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a ainsi indiqué que les bombardements « soulignent le risque très réel d’une catastrophe nucléaire qui pourrait menacer la santé publique et l’environnement en Ukraine et au-delà ».

De son côté, le secrétaire général des Nations Unies Antonio Gutteres a qualifié ce lundi toute attaque contre une centrale nucléaire de « suicidaire » et a demandé aux forces d’occupation de laisser les inspecteurs de l’AIEA accéder à la centrale. Enfin, la Maison Blanche « appelle la Russie à cesser toutes ses opérations militaires dans et autour des centrales nucléaires ukrainiennes ».

Alors que le patron de l’agence nucléaire ukrainienne, Petro Kotin, a demandé la création d’une zone démilitarisée autour de la centrale de Zaporijjia, Moscou semble avoir d’autres projets. Des ingénieurs russes seraient en effet en train de raccorder la centrale, qui continue d’alimenter la région en électricité, au réseau électrique de la Crimée, région ukrainienne annexée par la Russie en 2014.

Une opération périlleuse et potentiellement dangereuse, puisque la centrale devra pour cela être provisoirement alimentée avec des groupes électrogènes.

Par ailleurs, les forces d’occupation russes sont sur le point d’organier un référendum local sur le rattachement de la région de Zaporijjia à la Russie. Un vote dont on peut fortement douter de la sincérité.

Quentin Haroche

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Vos réactions (1)

  • Qui bombarde qui?

    Le 10 août 2022

    Appelons un chat un chat! Qui bombarde les russes qui occupent la centrale en question ?
    Ce ne sont surement pas les russes... mais qui donc ? Un président ancien comique et dictateur.

    Dr Jacques Grosbois

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