Toulouse, le mercredi 17 août 2022 – Plusieurs publicités diffusant de fausses informations sur les vaccins contre la Covid-19 sont affichées dans les rues de Toulouse.
« Un accident cardiovasculaire pour 100 injections : la santé de nos enfants vaut plus que des vaccins expérimentaux ». Le message s’affiche en très grand sur un panneau publicitaire de 4 mètres sur 3. Installé dans le nord de Toulouse ce lundi, il est parfaitement visible par les riverains.
Cette propagande antivaccin est financée par le « conseil scientifique indépendant », un groupe autoproclamé d’experts qui prétend détenir la « vérité » sur l’épidémie de Covid-19 et sur les vaccins, et par le collectif ReInfo Covid, autre important comité antivaccin.
Parmi cet aréopage de scientifiques qui entendent combattre la « pensée unique », on retrouve des figures, notamment le Dr Louis Fouché ou le Pr Christian Perronne.
Un risque d’effet secondaire très exagéré
Cette pancarte n’est pas la première du genre à Toulouse. Depuis le 27 juillet, une affiche sur laquelle on peut lire « Vaccination Covid : 1 effet secondaire grave sur 100 » est visible le long du canal du Midi. Le texte du panneau indique que cette affirmation s’appuie sur une étude réalisée par l’agence européenne du médicament (EMA).
En réalité, la source indiquée rappelle que sont pris en compte dans l’étude « tous les évènements médicaux qui ont été observés après l’administration de vaccins Covid-19 mais qui ne sont pas nécessairement causés par le vaccin ».
Selon l’Agence de sécurité du médicament (ANSM), un effet secondaire est signalé toutes les 850 injections environ, dans 76 % des cas bénins. Selon une méta-analyse publiée en juillet dernier, le risque de développer une myocardite après une vaccination par un vaccin à ARN messager est d’environ 1 sur 10 000 chez les enfants et adolescents masculins. On est donc très loin des chiffres alarmistes indiqués par ces affiches.
Cette propagande antivaccin sur la place publique choque considérablement les médecins de la région. « C’est scandaleux, on se demande comment on peut afficher des désinformations de ce type sur de si grandes affiches » s’insurge le Dr Jean-Michel Mansuy, virologue au CHU de Toulouse.
« C’est comme si on disait : le tabac ne tue pas, continuez de fumer ». Le Dr Jérôme Marty, très médiatique président de l’Union française pour une médecine libre (UFML) et lui-même souvent pris pour cible par les antivaccins, a demandé à l’Ordre des médecins et au maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc d’intervenir.
Le président du conseil de l’ordre de Haute-Garonne a indiqué avoir saisi le préfet de la question.
La mairie impuissante
Mais du côté de la mairie, on ne peut que constater l’impuissance des autorités. En effet, « même s’il est visible depuis la voie publique, ce panneau publicitaire est implanté sur un terrain privé et en dehors du réseau d’affichage de la ville » indique le Capitole.
« Le seul motif pour lequel nous pourrions intervenir, ce serait un trouble à l’ordre public, mais ce n’est pas le cas » reconnait la municipalité. Le panneau publicitaire appartient à la société LPS Luchetta Affichage, qui estime n’avoir pas enfreint la loi.
« Nous n’avons pas le droit d’afficher de la pornographie ou de la politique pure » se contente de répondre l’entreprise. Une affaire qui relance donc les questionnements sur la liberté d’expression dans le domaine médical.
Consciente du problème posé par cette campagne de publicité qui
va à l’encontre de tous les messages de santé publique des
autorités, la mairie de Toulouse dit réfléchir à toutes les options
juridiques possibles pour y mettre fin. En attendant, la diffusion
au grand jour de la désinformation médicale continue.
Grégoire Griffard