Paris, le mercredi 17 août 2022 – Le Pr Brigitte Autran a été nommée ce mardi présidente du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires.
Il y a des patients qui marquent une vie de médecin. En 1981, Brigitte Autran, alors jeune interne de 27 ans, prend en charge un homme atteint d’un abcès cérébral d’origine inconnu à l’hôpital Bichat à Paris. Rapidement décédé, ce patient est la première victime connue du SIDA en France.
« Je m’en souviens comme si c’était hier » déclarait Brigitte Autran en décembre dernier. Dans les années suivantes, la jeune interne deviendra une spécialiste internationalement reconnue du VIH et de la trithérapie, et professeur d’immunologie. Longtemps restée dans l’ombre, elle va désormais se retrouver sur le devant de la scène : ce mardi, elle a été nommée présidente du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires.
« Avoir un coup d’avance » sur les risques épidémiques
Créé le 1er août dernier, ce nouveau comité vise à remplacer le conseil scientifique du Pr Jean-François Delfraissy et le comité d’orientation de la stratégie vaccinale du Pr Alain Fischer, qui ont conseillé le gouvernement tout au long de l’épidémie de Covid-19.
Si ce nouveau comité se penchera notamment sur l’épidémie de Covid « qui n’est pas derrière nous » rappelle le Pr Autran, il sera plus largement chargé de conseiller le gouvernement sur les différents risques épidémiques et de santé publique.
« L’idée est d’avoir un coup d’avance, avec une veille permanente sur les risques pouvant émaner de France comme d’autres pays » explique au Parisien le Pr Autran.
Ce nouveau comité s’appuiera sur une approche dite « santé globale » (« global health »), c’est-à-dire qu’il prendra en compte les menaces venues de l’étranger, les risques de zoonose et également l’impact de la pollution et du changement climatique sur la santé des Français.
Sur le front du Covid, le Dr Autran estime que « le scénario le plus probable est celui d’un pic épidémique à la rentrée » soit en raison d’un nouveau variant, soit simplement à cause de la baisse des températures.
Sans surprise, elle recommande d’agir pour favoriser la vaccination de rappel et la diffusion des traitements.
« Il y a encore trop de personnes non vaccinées ou non revaccinées, des traitements efficaces pour éviter les formes graves comme le Paxlovid sont trop peu connus, trop peu proposés aux patients fragiles » estime-t-elle.
Pour le Pr Autran, l’arrivée de vaccins bivalents spécialement dirigés contre Omicron est une « très bonne nouvelle » même si elle appelle les individus à risque de forme grave à ne pas attendre l’homologation de ces vaccins pour recevoir une nouvelle dose de rappel.
« Une stratégie zéro Monkeypox est possible »
Du fait du champ d’action plus large du comité qu’elle dirige, le Pr Autran sera amenée à se prononcer sur d’autres épidémies et notamment sur celle de variole du singe qui touche actuellement les homosexuels masculins.
A ce titre, elle reconnait que la campagne de vaccination est encore trop lente et qu’il faut l’intensifier. « Une stratégie zéro Monkeypox est possible contrairement à celle du zéro Covid, il y a une nécessité absolue à vacciner les populations cibles » estime-t-elle.
La première mission du Pr Autran est désormais de composer son équipe. Le nouveau comité comportera 19 membres dont un représentant des patients et un représentant des citoyens (sans que l’on comprenne très bien la distinction).
Objectif : être opérationnel dès la rentrée et commencer à
épauler le gouvernement.
Nicolas Barbet