
JIM.fr - Vous avez mis en place un parcours de soins pour les patients atteints de cancer ORL. Pourquoi cette initiative ?
Dr Luc Garcette : Nous avons voulu répondre à la fois aux besoins des patients et à des enjeux stratégiques de santé. Nous voyons en effet encore des cas de cancers ORL très évolués, dès la première consultation. Or, une tumeur ORL peut changer de stade en 30 jours. Nous avons donc essayé de rendre la prise en charge la plus rapide possible, avec notamment un accès facilité à l’imagerie.Nous nous sommes donc initialement concertés avec les radiologues qui ont accepté de réserver chaque semaine une plage dédiée pour que nos patients atteints de cancer ORL puissent bénéficier d’un scanner et d’une IRM plus rapide. Cela bénéficie en moyenne à 1 à 2 patients par semaine.
L’idée d’une hospitalisation de jour est ensuite venue naturellement, sous forme d’une matinée pendant laquelle serait réalisé tout le bilan. C’est ainsi que s’est mis en place le parcours de soins.
Le patient est hospitalisé le matin, il a un bilan biologique, une consultation cardiologique, une consultation avec l’anesthésiste en prévision de l’endoscopie, il voit un chirurgien-dentiste, une diététicienne et a un examen au scanner et à l’IRM si besoin. Les différents rendez-vous sont pris par l’infirmière coordinatrice.
Notre but est qu’il se passe moins de 30 jours entre la première consultation et l’intervention.
Après l’intervention, un rendez-vous est obtenu rapidement
aussi chez le radiothérapeute, dès que l’on arrive en fin de
cicatrisation.
JIM.fr : Par qui les patients vous sont-ils adressés ?
Dr Luc Garcette : Principalement par les médecins
généralistes. La mise en place de ce parcours a été un peu freiné
par la Covid, mais il commence à être connu par les médecins de
ville et il est très apprécié.
JIM.fr - La nutrition est très importante dans la prise en
charge des cancers ORL. Comment se fait la prise en charge ?
Dr Luc Garcette : Le patient voit la diététicienne dès
la première matinée d’hospitalisation de jour. Il est revu ensuite,
pendant son hospitalisation après l’intervention. Elle met en œuvre
la nutrition et assure le suivi après la sortie. Si une nutrition
parentérale est nécessaire à domicile, elle s’en occupe
aussi.
JIM.fr - Avez-vous prévu une prise en charge psychologique
?
Dr Luc Garcette : Après l’annonce du diagnostic par le
médecin, une consultation d’annonce est organisée par l’infirmière
coordinatrice. Elle explique au patient le cheminement du
traitement. Lors de cette consultation, il voit la psychologue s’il
le souhaite. Une assistance sociale est contactée aussi à ce
moment-là si cela est nécessaire.
JIM.fr - Le tabac et l’alcool sont les principaux facteurs
de risque de cancer ORL. Comment se passe la prise en charge des
addictions ?
Dr Luc Garcette : Elle est proposée systématiquement
par l’infirmière coordinatrice. Elle ne peut avoir lieu que si le
patient est d’accord.
Nous avons aussi mis en place un parcours de forme, fléché où,
pendant son hospitalisation, le patient peut effectuer des
exercices physiques, pratiquer le vélo elliptique et le rameur.
Après leur intervention, les patients passent en moyenne 15 jours à
la clinique. Ils peuvent bénéficier du parcours de forme vers le
6ème et 7ème jour, et ils apprécient.
JIM.fr - Le traitement du cancer ORL peut nécessiter une
trachéostomie. Avez-vous prévu l’éducation thérapeutique pour
apprendre à la gérer ?
Dr Luc Garcette : En effet, je pars du principe que le
patient doit être autonome au moment de sa sortie et doit savoir
gérer sa canule. Les infirmières sont spécifiquement formées et
vers le 7ème ou 8ème jour après l’intervention, elles commencent à
initier le patient pour qu’il s’occupe lui-même de sa canule.
Ainsi, quand il sort, il est autonome. Je ne fais pas appel à des
prestataires, ce qui améliore considérablement l’autonomie du
patient.
JIM.fr - Votre région est particulièrement touchée par les
cancers ORL. Pouvez-vous nous dire comment évolue l’épidémiologie
?
Dr Luc Garcette : L’incidence des cancers ORL diminue
dans la région. J’ai vu jusqu’à 80 patients par an atteints de
cancer ORL. Maintenant, c’est le nombre que nous voyons entre les 3
praticiens ORL de la clinique.
En revanche, ce qui ne baisse pas, c’est le nombre des cas graves
au moment de la première consultation. Les difficultés sociales
font encore qu’un certain nombre de personnes ne se soignent
pas.Notre cheval de bataille est d’améliorer la précocité du diagnostic. Nous organisons des campagnes et des formations régulièrement, auprès des médecins généralistes, pour les sensibiliser au dépistage. Nous les incitons à nous adresser les patients tout de suite, sans faire de bilan auparavant, puisque notre parcours est organisé pour cela.
Les traitements ont amélioré la durée de vie, mais tout repose sur le diagnostic précoce.
La prise en charge du cancer ORL chez ELSAN
• 27 établissements ELSAN prennent en charge le cancer ORL, soit 20% des établissements du groupe.
• En 2021, ELSAN a pris en charge 6,5% des séjours de chirurgie du cancer ORL à l’échelle nationale et 1 patient sur 4 dans le secteur de l’hospitalisation privée.
Les bilans en hôpital de jour chez ELSAN
• 50 000 bilans HDJ réalisés dont environ 4 000 en cancérologie
ELSAN, leader de l’hospitalisation privée en France, est
présent sur l’ensemble des métiers de l’hospitalisation et dans
toutes les régions de l’Hexagone pour offrir à chacun et partout
des soins de qualité, innovants et humains. ELSAN compte 28 000
collaborateurs et 7 500 médecins libéraux qui exercent au sein des
137 établissements du groupe. Ils prennent en charge plus de 2,2
millions de patients par an. 2 Français sur 3 résident à moins de
50 km d’un établissement ELSAN. Agir et innover pour la santé de
tous au cœur des territoires est notre raison d’être. www.elsan.care.
Propos recueillis par le Dr Roseline Péluchon
Publication réalisée en collaboration avec le groupe
Elsan