
Les études et analyses se succèdent pour tenter de déterminer
quels ont été les effets bénéfiques ou négatifs des divers
confinements et restrictions de liberté que les Français ont connu
au cours de la crise sanitaire, avec parfois des résultats
étonnants (comme par exemple la baisse des suicides observée
pendant le premier confinement).
Cette fois, les scientifiques de l’université Paris Cité se
sont intéressés à l’impact du confinement sur la santé
cardio-vasculaire des Français.
Pour réaliser leurs recherches, les auteurs de l’étude se sont
appuyés sur les données collectées par des dispositifs de santé
connectés de l’entreprise française Withings. Les balances
numériques leur ont permis de mesurer l’évolution du poids des
utilisateurs des produits Withings mais également de leur vitesse
d’onde de pouls et de leur rigidité artérielle, des indicateurs du
vieillissement vasculaire. Grâce aux montres connectées, ils ont pu
évaluer l’activité physique de ces Français durant le
confinement.
Balances et montres connectées à l’œuvre
On aurait pu penser à première vue que le stress lié à la
pandémie et la baisse d’activité physique auraient un impact
négatif sur la santé cardio-vasculaire des Français. Les résultats
obtenus dans l’étude parue le 15 août dernier dans l’European
Heart Journal sont tout autre : il y a eu en réalité une «
réduction du vieillissement vasculaire chez les Français »
constate Rosa Maria Bruno, professeur de pharmacologie à Paris et
principale auteure de l’étude.
En moyenne, l’ « âge » cardiovasculaire des Français a diminué
de 22,4 semaines durant le premier confinement du printemps
2020.
Pour mieux comprendre les phénomènes à l’œuvre dans cette
amélioration de la santé cardiovasculaire, les auteurs de l’étude
ont divisé les 26 196 utilisateurs de produits Withings dont les
données de santé ont été analysées en trois groupes : ceux dont la
santé cardiovasculaire s’est améliorée (21 %), ceux pour qui elle
s’est dégradée (18 %) et ceux chez qui aucun changement notable n’a
été observé (61 %).
Dans le groupe dont l’âge cardiovasculaire a diminué, on
retrouve surtout des femmes, qui ont pour beaucoup perdu du poids
durant ces mois d’enfermement. « Ce sont des gens pour lesquels
des confinements ont été l’occasion de mieux s’alimenter, de
prendre soin de soi » explique la Pr Bruno, qui indique avoir
également observé une baisse de la pression artérielle chez ces
individus.
Le confinement plus bénéfique en France qu’en Allemagne
En revanche, ceux dont l’âge cardiovasculaire a augmenté
(jusqu’à trois ans) sont en majorité des hommes vivant seul. « Cela
illustre la relation déjà connue entre l’isolement social et les
maladies cardiovasculaires mais aussi l’importance d’avoir un
réseau, de ne pas se retrouver seul dans les moments difficiles »
commente la Pr Bruno. Ces individus avaient également une «
santé cardiovasculaire moins optimale » par rapport aux membres
des autres groupes avant même le confinement.
D’autres études menées également dans divers pays ayant subi
un confinement strict, comme l’Italie, démontrent un effet positif
de ces mesures sanitaires drastiques sur la santé cardiovasculaire,
avec « une réduction de la pression artérielle et une
amélioration de la qualité du sommeil » souligne la Pr
Bruno.
En revanche, en comparant les résultats obtenus en France avec
ceux observés chez des utilisateurs des produits Withings habitants
en Allemagne, pays où le confinement était moins strict, on
constate que l’amélioration de la santé cardiovasculaire y a été
plus faible, avec une baisse de l’âge vasculaire de seulement 8
semaines.
Il semblerait donc que plus un confinement est strict, plus il
est bénéfique pour les vaisseaux. Peut-être les cardiologues
prescriront-ils désormais un confinement à leurs patients.
Nicolas Barbet