Royaume-Uni : le NHS pleure la Reine et s’enfonce dans la crise

Londres, le jeudi 15 septembre 2022 – Les funérailles de la Reine font oublier les importantes difficultés que rencontrent le système de santé britannique, mais pour un temps seulement.

Lundi prochain, le Royaume-Uni tout entier se mettra à l’arrêt pour rendre un dernier hommage à la Reine Elisabeth II, décédée le 8 septembre dernier après 70 ans de règne. Alors qu’un jour férié a été décrété à l’occasion des funérailles royales, de nombreux commerces seront fermés tandis que les services publics, y compris médicaux, seront perturbés.

Le National Health Service (NHS) a ainsi prévenu que chaque établissement de santé du pays avait la liberté de fermer certains de ses services lundi prochain et que les patients devaient s’attendre à voir leurs rendez-vous médicaux annulés.  

10 % de la population en attente d’un traitement


De nombreux hôpitaux à travers le Royaume-Uni ont déjà annoncé qu’ils ne prendraient en charge que les urgences le jour des funérailles mais que toutes les autres consultations non urgentes seraient reportées. Une décision qui fait polémique sur les réseaux sociaux, les internautes jugeant disproportionné de mettre en danger la santé des habitants au nom de funérailles royales.

« Je ne pense pas que la Reine aurait voulu cela » ironise à la BBC un homme qui a vu son opération de retrait d’un stent repoussé de plusieurs semaines en raison de l’enterrement de la Reine. En réponse, la NHS a expliqué que de nombreux hôpitaux risquent de se retrouver en manque de personnel, puisque les écoles et les crèches seront également fermées lors des funérailles.

Ce jour férié inopiné ne risque pas d’améliorer l’un des problèmes chroniques du NHS, à savoir les retards dans la prise en charge. 6,8 millions de britanniques (10 % de la population) sont actuellement inscrits sur une liste d’attente du NHS. Parmi eux, 2,6 millions sont en attente de soins depuis plus de 18 semaines (officiellement la durée d’attente maximum autorisé) et 380 000 depuis plus d’un an.

Dans le détail, on observe que 1,5 millions de personnes sont en attente d’un diagnostic (dont 400 000 depuis plus de 6 mois), 40 % des malades atteints de cancer doivent attendre plus de deux mois après leur diagnostic pour débuter leur traitement et 42 % des patients aux urgences attendent plus de 4 heures avant d’être pris en charge.

Une priorité suspendue


Tout comme de notre côté de la Manche, la pandémie de Covid-19 a servi de révélateur d’une crise profonde de l’hôpital public, qui manque tout à la fois de moyens, de lits et de personnels. Au moment de son arrivée au 10 Downing Street le 6 septembre dernier, soit deux jours avant la mort de la Reine, la nouvelle Première Ministre Liz Truss avait annoncé que l’une de ses priorités serait de « remettre notre système de santé sur de bons rails ».

La nouvelle ministre de la Santé Thérèse Coffey devait ainsi annoncer la semaine suivante un plan d’urgence pour la santé. Ce plan devait notamment prévoir un investissement massif dans les soins de suite, l’accentuation de la régulation médicale aux urgences et des baisses d’impôts pour les médecins. Mais la mort de la Reine a interrompu tous les travaux sur la question.

Pour le moment, la classe politique britannique et les syndicats sont tous unis pour rendre hommage à leur souveraine disparue et célébrer l’avènement du nouveau Roi. Mais une fois la période de deuil passée, la situation pourrait de nouveau devenir explosive et il n’est pas impossible que les hôpitaux se mettent en grève.

Alors que le NHS est perçu par beaucoup comme un trésor national, les conservateurs ont désormais deux ans jusqu’aux prochaines élections pour rétablir la situation.

Nicolas Barbet

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article