
Depuis hier, « et jusqu’à nouvel ordre, la transmission des
données de dépistage de la Covid 19 sur la plateforme SIDEP
(système d’information de dépistage du covid-19) n’est plus
effectuée ».
Cette décision « permettra de mettre en lumière le
caractère fondamentalement hypocrite du projet gouvernemental :
vouloir une biologie médicale au rabais a des conséquences sur
l’efficacité du système de santé » estime le collectif. Les
laboratoires poursuivent néanmoins leur mission de santé publique,
en réalisant les tests à titre gracieux.
Si l’Alliance de la Biologie Médicale a bien été reçue par les
cabinets des ministres Attal, Braun et Firmin Le Bodo pour rappeler
leur proposition alternative, soit une contribution exceptionnelle
centrée sur leur suractivité due à la Covid, leur suggestion est
restée lettre morte. Le 49.3 engagé par le gouvernement sur le
PLFSS a ainsi validé l’intégralité du texte, dont le « coup de
rabot » de 250 millions d’euros sur la biologie médicale.
Cependant, contrairement à ce que semble penser l’ABM, cette baisse
de tarif pourrait ne pas se poursuivre au cours des prochaines
années.
Dans un communiqué, l’Assurance maladie souligne « après
discussion avec le secteur, cette baisse pourrait être répartie
entre les actes de biologie courants (à hauteur de 200M€) et les
tests Covid (à hauteur de 50M€). Le quantum des économies qui
pourrait être appliqué les années suivantes n’a pas encore été
discuté avec les représentants : il n’a ainsi donc pas été proposé
par l’Assurance Maladie de faire 250 millions d’euros de baisses
supplémentaires en 2024 et 2025 ».
Gabriel Attal assume et attaque
Mais avant ces horizons futurs, l’heure est à l’indignation
gouvernementale. Cette grève du SIDEP « est inacceptable »,
a réagi Gabriel Attal, jeudi sur franceinfo. Le ministre des
Comptes publics met en avant les gains liés au Covid pour ce
secteur : « 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires en plus
grâce aux tests payés par la Sécurité sociale ».
Il « assume » ainsi de leur « demander un effort dans le budget
de la Sécurité sociale de 250 millions d'euros en 2023 ».Dans un courrier adressé aux laboratoires par Gabriel Attal et
François Braun, les ministres jugent « inadmissible » cet
« appel à la suspension de la transmission des données » et
réaffirment « la nécessaire surveillance de l'épidémie ».
Ils ajoutent compter « sur le sens de la déontologie » des
directeurs de laboratoires pour « assurer la continuité de
l'accès aux soins », ils estiment que « si cette mobilisation était
suivie » cela « reviendrait à prendre en otage les patients
».
Dans un communiqué, l’Assurance Maladie dit « rejoindre
» pleinement la réaction du Gouvernement.
L’Assurance Maladie souhaite également préciser « un
certain nombre d’éléments concernant les informations communiquées
par l’ABM sur les discussions engagées avec la profession visant à
dégager des économies sur les dépenses de biologie ».
« Le secteur de la biologie médicale se caractérise par une
rentabilité financière qui était déjà élevée avant la crise
sanitaire (supérieure à 17 % entre 2016 et 2019) et qui s’est
encore accrue depuis (entre 20 à 30 % en 2020 et 2021), du fait des
tests liés au Covid (…) il est aujourd’hui naturel que des efforts
sur les tarifs soient demandés à ce secteur : un premier objectif
de baisse de 250 millions d’euros est donc prévu pour 2023
».
Un projet qui fera mourir la biologie indépendante ?
Les Biologistes Indépendants, organisation qui ne fait pas
partie de l’ABM mais qui s’est jointe à la grève a également réagi
aux attaques du gouvernement et de la CNAM.
Le syndicat fustige « les leçons de morale de Monsieur le
ministre Gabriel Attal » alors qu’aujourd’hui « les biologistes
indépendants ne représentent plus que 35% de la biologie française
alors qu’ils assurent un maillage territorial vital pour nos
concitoyens. Ils sont l’incarnation, dans certains territoires, du
dernier rempart contre la désertification médicale. Ils sont les
fournisseurs de soins de proximité. Le gouvernement a-t-il décidé
de nous tuer ? A-t-il décidé d’accélérer la financiarisation de la
biologie médicale ? C’est pour défendre notre exercice et amener le
gouvernement à dialoguer avec la profession que nous avons engagé
les actions de blocage du SIDEP et que nous envisageons demain de
fermer nos laboratoires et de nous mettre en grève si nous ne
parvenons pas à un accord raisonnable ».
F.H.