
Les amateurs de football (et de cardiologie) se souviennent
probablement du drame survenu le 12 juin 2021 au Parken Stadium de
Copenhague, lors d’un match du championnat d’Europe de football
opposant le Danemark à la Finlande. A la 42ème minute de jeu,
Christian Eriksen, meneur de jeu de 29 ans, s’effondre sur la
pelouse face contre sol, terrassée par un arrêt cardiaque. Son
capitaine lui vient alors en aide, le met en position latérale de
sécurité et l’empêche de s’étouffer avec sa langue, lui sauvant
ainsi probablement la vie.
Arrêt de jeu
Le jeu est interrompu et pendant plusieurs minutes les
sauveteurs se relayent pour prodiguer un massage cardiaque au
joueur, pendant que ses coéquipiers, en pleurs, l’entourent pour
cacher la scène aux milliers de spectateurs médusés. Tout le monde
a alors en mémoire la mort tragique de Marc-Vivien Foé, joueur de
foot camerounais emporté en plein match par un arrêt cardiaque en
2003 à seulement 28 ans. Défibrillé, Christian Eriksen est évacué
du stade, escorté par ses coéquipiers, puis transféré vers un
hôpital de la capitale dans un état stable. Cinq jours après
l’incident, un défibrillateur automatique implantable est posé à C
Erikden , ce qui lui permet de quitter l’hôpital dès le
lendemain.
Se pose dès lors la question de savoir si le jeune athlète
peut reprendre la compétition ou si sa carrière s’est brutalement
terminée ce 12 juin 2021. Les cardiologues se montrent très
sceptiques, estimant que le port d’un défibrillateur implantable
est incompatible avec le sport de haut niveau, encore plus quand le
patient a déjà subi un arrêt cardiaque. Mais Eriksen refuse de
baisser les bras. « Dans quatre ou cinq mois, je serais de
retour pour jouer » déclare le footballeur à sa sortie de
l’hôpital en se fixant alors comme objectif ambitieux de participer
à la coupe du monde au Qatar.
Eriksen joue les prolongations
Problème : la législation italienne interdisant aux personnes
porteuses d’un défibrillateur implantable de pratiquer du sport
professionnel, Christian Eriksen est obligé de quitter son club de
l’Inter Milan. Qu’à cela ne tienne, le Danois signe en janvier
dernier avec le modeste club anglais du Brentford FC. Le 26 février
dernier, après huit mois de remise en forme, il peut de nouveau
chausser les crampons dans un match officiel, recevant une ovation
du public bien méritée à son entrée en jeu.
Le 26 mars, Eriksen enfile à nouveau le maillot danois pour un
match amical contre les Pays-Bas. Auteur d’un but après seulement
deux minutes de jeu, le milieu offensif est, fait rare, ovationné
par le public hollandais. Trois jours plus tard, c’est dans une
liesse indescriptible qu’il marque à nouveau pour son pays contre
la Serbie au Parken Stadium de Copenhague, là même où il avait
frôlé la mort 9 mois plus tôt.
Sans doute meilleur joueur qu’il ne l’a jamais été, transféré
au prestigieux club anglais de Manchester United, c’est logiquement
qu’il a été retenu par le sélectionneur danois Kasper Hjulmand pour
le voyage au Qatar. Si les Rouges et Blancs ont plutôt mal commencé
la compétition avec un match nul 0-0 contre la Tunisie, Erisken dit
« rêver à quelque chose de grand » pour cette
compétition.
Une bien belle histoire dans une coupe du monde marquée par
les polémiques, la corruption et les renoncements
idéologiques.
Quentin Haroche