
Entre 30 % et 50 % des cancers peuvent être évités par des changements de mode de vie et des stratégies de prévention : maintien d’un poids idéal, activité physique, consommation régulière de fruits et légumes, réduction de la consommation d‘alcool et de viande rouge ou transformée, éviction des expositions au soleil, rejet du tabac, vaccinations, etc. La connaissance des facteurs de risque de cancer est la première étape pour l’adhésion à la prévention. Dans un objectif de santé publique, il semble intéressant de préciser les opinions quant à ces facteurs de risque et ce qui détermine ces opinions.
La désinformation, fréquente sur les réseaux sociaux, est à l’origine de discours susceptibles d’affecter les comportements de santé. Dans le domaine des cancers, il s’agit par exemple de certaines allégations au sujet des vaccins contre le papillomavirus ou de dénigrements des traitements anticancéreux pouvant faire retarder leur mise en route et altérer le pronostic. Des informations non fondées sur des faits scientifiques circulent, pouvant être à l’origine d’idées fausses sur les causes des cancers.
Tout peut donner le cancer !
Une équipe espagnole a mené une enquête en ligne, sur les réseaux des vaccino-sceptiques et des adeptes des théories conspirationnistes. L’objectif était d’étudier les opinions et les attitudes envers les mesures de prévention dans le domaine des cancers. Au total 1 494 personnes ont répondu à l’enquête, parmi lesquelles 209 non vaccinées contre la Covid-19, 112 adeptes des médecines alternatives et 62 « platistes » (croyant que la terre est plate), ou croyants en l’hypothèse reptilienne.
Notons d’entrée que la connaissance des causes avérées de cancer surpasse la croyance en des causes fantaisistes (63,6 % vs 41,7 %), ce qui est rassurant. Elle est toutefois moins répandue parmi les personnes adhérant aux thèses conspirationnistes, les antivax et les adeptes des médecines alternatives qui sont plus sensibles aux discours mettant en avant des causes fictives. Environ la moitié des participants, conspirationnistes ou non, sont d’accord avec l’affirmation « Il semble que tout peut causer le cancer ». Cela illustre les difficultés rencontrées dans l’ensemble de la société pour distinguer les causes de cancer avérées des causes imaginaires, en partie en raison de la désinformation répandue sur les réseaux sociaux.
Pour les auteurs de l’étude, cette enquête souligne la nécessité d’une meilleure éducation médicale et scientifique, la nécessité aussi d’améliorer les algorithmes, de rétablir la confiance dans l’information et de mettre en œuvre des campagnes de communication efficaces sur la santé.
Dr Roseline Péluchon