Regard sur l’endophtalmie infectieuse

Maladie inflammatoire le plus souvent infectieuse, associée à de graves complications et souvent de mauvais pronostic, l’endophtalmie est une urgence ophtalmologique qui doit être diagnostiquée et traitée sans délai. Une équipe coréenne a fait le point sur ses caractéristiques cliniques en fonction de son étiologie.

L'endophtalmie est une infection de l'œil qui se développe lorsqu'un pathogène – le plus souvent une bactérie, mais parfois aussi un virus ou un champignon – pénètre dans le globe oculaire, généralement à la faveur d'un traumatisme ou d'une intervention chirurgicale. La forme postopératoire est la plus courante (72 %), loin devant les formes post-traumatique (20 %) et endogène (8 %).

Face au constat que les différents types d'endophtalmie présentent chacun ses spécificités, ce qui n'est évidemment pas sans intérêt pour leur diagnostic et leur traitement, une équipe coréenne a dressé le tableau de leurs caractéristiques cliniques, des pathogènes les plus couramment incriminés et des facteurs de mauvais pronostic (pour le rétablissement de la vision).

L'âge et l'acuité visuelle initiale surtout

Les auteurs ont inclus dans leurs travaux 239 patients (56,1 % d'hommes et 43,9 % de femmes, âge moyen 69 ± 12,5 ans) ayant reçu un diagnostic d'endophthalmie à l'hôpital universitaire national de Pusan entre janvier 2006 et décembre 2020. Les participants ont été classés en six groupes en fonction de l'étiologie de l'infection (post-chirurgie de la cataracte, post-vitrectomie, post-chirurgie du glaucome, post-injection intra-vitréenne, endogène ou post-traumatique).

L'équipe a consigné pour chacun une série de paramètres démographiques et cliniques – âge, sexe, latéralité, symptomatologie initiale, intervalle entre l'événement causal et le diagnostic, acuité visuelle (AV) initiale et finale, traitement et résultats de la culture microbiologique – avant d'analyser les différences entre les six groupes.

Dans cette étude, la cause la plus fréquente d'endophtalmie (46 % des cas) était la chirurgie de la cataracte. Dans près de 80 % des cas, l'infection se manifestait alors dans les deux semaines, alors que ce délai était de 3,3 jours en moyenne près une vitrectomie, 5,6 jours après une injection intra-vitréenne, 6,8 jours après un traumatisme, 15,9 jours dans les formes endogènes et… 2742 jours après une chirurgie du glaucome.

Une culture positive était disponible pour 41,8 % des patients ; globalement, les germes les plus fréquemment rencontrés étaient, dans l'ordre, les staphylocoques (12,1 % des patients), les streptocoques (9,6 %) et les entérocoques (5,0 %). Néanmoins, alors que les staphylocoques dominaient le tableau après chirurgie de la cataracte, vitrectomie, injection intra-vitréenne ou traumatisme, les streptocoques arrivaient en tête après chirurgie du glaucome et les Klebsiella se taillaient la part du lion dans les formes endogènes.

Du côté des facteurs de risque de mauvais pronostic, les auteurs épinglent surtout un âge avancé et une mauvaise AV initiale, quelle que soit l'étiologie, et soulignent qu'un diagnostic et un traitement précoces sont d'autant plus importants, en particulier chez les sujets âgés.

Cet article a d'abord été publié sur MediQuality le 07/01/2023

Bénédicte Langlois

Référence
Lee JJ, Jo YJ, Lee JS. Clinical characteristics and risk factors for visual prognosis according to the types of infectious endophthalmitis. PLoS One. 2022 Dec 1;17(12):e0278625. doi: 10.1371/journal.pone.0278625. PMID: 36454919; PMCID: PMC9714883.

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