
Paris, le mercredi 18 janvier 2023 – Les trois épidémies de bronchiolite, grippe et Covid-19 qui ont touché simultanément la France en décembre sont en fort recul.
On ne cessera de s’étonner à quel point les choses peuvent aller vite quand il s’agit d’épidémie. Mi-décembre, le terme de triple épidémie était sur toutes les lèvres pour désigner l’augmentation concomitante des cas de bronchiolite, de grippe et de Covid-19 et tout le monde s’inquiétait du faible taux de vaccination des personnes âgées et se désolait de la saturation des hôpitaux, tandis que certains appelaient même au retour du port obligatoire du masque dans les transports.
Un mois plus tard, tout a changé et les trois épidémies sont en net recul. Sur le front de la bronchiolite, la baisse a commencé dès début décembre et continue de s’accentuer. Selon le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire publié par Santé Publique France (SPF) ce mercredi, au cours de la semaine du 9 janvier, le nombre de passage aux urgences pour bronchiolite a diminué de 32 % et celui des hospitalisations de 29 %.
Seules quatre régions métropolitaines (Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire, PACA et Corse) sont encore en phase épidémique, les autres étant en phase post-épidémique (l’Ile de France est même désormais officiellement sortie de la période épidémique).
L’épidémie de grippe en fort recul
L’épidémie de grippe, qui aura été cette année particulièrement précoce (le pic étant habituellement atteint fin janvier-début février) est également en perte de vitesse. Toujours selon SPF, la semaine du 9 janvier a vu une forte baisse du nombre de passages aux urgences pour syndrome grippal (- 49 %) ainsi que des hospitalisations (- 61 %). L’ensemble de la France reste cependant en phase épidémique.
Les données hospitalières confirment que l’épidémie de grippe actuelle est l’une des plus intenses de ces dix dernières années : cette semaine, 11 % des hospitalisations en France était lié à un syndrome grippal, du jamais vu à cette période de l’année. Sur la quarantaine de services de réanimation qui participent au dispositif de surveillance de SPF, on a comptabilisé depuis le début de l’épidémie 649 admissions en réanimation pour grippe, dont 85 % n’étaient pas vaccinés. Le taux de vaccination, qui est de 43,8 % chez les plus de 65 ans, est inférieur à ce qu’il était lors de l’épidémie 2021-2022 (48,4 %).
Mais c’est pour la Covid-19 que la chute, amorcée à la mi-décembre, est la plus spectaculaire. La France ne compte actuellement plus que 5 700 nouveaux cas positifs par jour (soit dix fois moins qu’à la mi-décembre) du jamais-vu depuis fin octobre 2021, avant l’arrivée du variant Omicron en France. Une baisse à relativiser cependant, puisque le nombre de tests a également fortement diminué (93 000 par jour, contre 235 000 mi-décembre). On observe cependant que le taux de positivité a également chuté, passant de 26,9 % début décembre à 10,6 % désormais.
La 9ème vague est morte, vive la 10ème vague ?
Surtout, les données hospitalières, qui ne sont pas dépendantes du nombre de tests pratiqués, confirment cette forte décrue. Seulement 630 personnes positives au Covid-19 sont hospitalisés chaque jour, en baisse de 31 % sur la semaine et le nombre de personnes positives au Covid-19 en hospitalisation conventionnelle est repassé sous la barre des 20 000 pour la première fois depuis début décembre. La baisse est moins franche en soins critiques mais tout de même assez nette, puisque les admissions ont baissé de 20 % sur la semaine. La mortalité est également en baisse : 529 personnes sont mortes de la Covid-19 la semaine passée, contre 803 la semaine précédente.
La 9ème vague de Covid-19 est donc en voie d’être terminée. Au vu de l’évolution de l’épidémie ces trois dernières années, la question désormais n’est pas de savoir s’il y aura une 10ème vague mais quand. Le prochain rebond épidémique pourrait être provoqué par l’arrivée d’un nouveau variant et on parle actuellement beaucoup de XBB 1.5, un sous-variant d’Omicron, surnommé variant Kraken (un monstre marin des légendes scandinaves) qui serait le variant « le plus transmissible qui ait été détectée à ce jour » selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Rapidement devenue majoritaire aux Etats-Unis ces dernières semaines, ce variant, qui présenterait un fort taux d’échappement immunitaire, circule déjà à bas bruit en France depuis début décembre.
Par ailleurs, certains épidémiologistes estiment que l’épidémie de grippe actuellement en décru pourrait rebondir dans les prochaines semaines, porté par l’arrivée d’un autre virus grippal (c’est actuellement le H3N2 qui est majoritaire).
Profitons donc de ces moments d’accalmie : les choses peuvent aller tout aussi vite dans l’autre sens et dans un mois à peine, les débats sur les masques, les vaccins et les difficultés de notre système de santé peuvent refleurir.
Grégoire Griffard