
Le débat n’est pas clos et pourrait se prolonger. Plusieurs études ont rapporté des signalements de modifications des cycles menstruels après la vaccination contre la Covid-19. Les données provenaient le plus souvent de systèmes de pharmaco-vigilance par auto-signalement, destinés à repérer des signaux d’alerte mais pas prévus pour évaluer la fréquence de survenue de l’évènement considéré ni pour établir un lien de causalité. Les éléments recueillis étaient toutefois assez solides pour que l’Agence européenne du médicament recommande d’inscrire les saignements menstruels abondants comme possibles effets secondaires « de fréquence inconnue » pour les vaccins anti-SARS-CoV2 à ARNm.
Pour caractériser et quantifier les effets indésirables des vaccins, en dehors des essais cliniques, les données individuelles de larges cohortes observationnelles sont nécessaires. C’est pourquoi une équipe suédoise a exploité celles d’un registre national, recueillies entre le 27 décembre 2020 et le 28 février 2022. Une cohorte représentant 40 % des Suédoises vues en soins primaires pendant cette période a aussi été exploitée, le tout concernant près de 3 millions de suédoises âgées de 12 à 74 ans. Près de 90 % d’entre elles avaient reçu au moins une dose de vaccin contre le SARS-COV-2, et 64 % des femmes vaccinées avaient reçu 3 doses avant la fin de la période d’observation. L’étude met en parallèle les consultations médicales pour troubles de règles ou saignements et la vaccination contre le SARS-CoV-2.
Un risque de saignement chez les femmes…ménopausées
Dans cette large cohorte, le risque le plus élevé de saignement, en comparaison avec les non vaccinées, est observé chez les femmes ménopausées, dans une fenêtre de 1 à 7 jours suivant la 3e dose de vaccin (HR 1,28 ; 95 % CI 1,01 à 1,62), puis dans les 8 à 90 jours suivants (1,25 ; 1,04 à 1,50). L’augmentation du risque se situerait entre 23 % et 33 % après le vaccin BNT162b2 (BioNTech Pfizer) et le mRNA-1273 (Moderna) et l’association avec le ChAdOx1 nCoV-19 (Astra-Zeneca) est non significative.
En ce qui concerne les troubles des règles et les saignements prémenstruels chez les femmes non ménopausées, leur association avec la vaccination est inconsistante et disparaît totalement après ajustement pour plusieurs variables.
Pour les auteurs, cet ensemble de résultats n’est pas en faveur d’un effet de causalité. Ils remarquent que des investigations du même ordre avaient déjà été réalisées pour d’autres vaccins (par exemple le vaccin contre les papillomavirus) sans qu’une association puisse là non plus être établie.
Dr Roseline Péluchon