
Paris, le mardi 13 juin 2023 — Plus de 300 000 Allemands ont déclaré avoir éprouvé des effets secondaires à la suite de l’injection d’un vaccin contre la Covid-19. À Hambourg, un procès s’est ouvert ce lundi visant à déterminer dans quelle mesure un lien de causalité pouvait être invoqué.
« Je déteste que l’on me dise que je suis un cas isolé, ce n’est pas le cas », explique à l’AFP Kathrin K., qui fait partie des requérantes dans un procès intenté contre le laboratoire BioNtech, entreprise allemande ayant participé, on le sait, à l'élaboration du vaccin anti-Covid distribué par Pfizer. Comme plusieurs autres centaines de personnes, cette ancienne vendeuse se plaint d’effets secondaires et d’une dégradation de son état de santé.
20 millions de vies sauvées
C’est à la fin de l’année 2021 que s’est ouverte la campagne de vaccination contre la Covid. L’Agence européenne des médicaments (EMA) a estimé que ces vaccins ont permis de sauver au moins 20 millions de vies.
Mais, partout dans le monde, des milliers de personnes sont convaincues que cette vaccination a entraîné une dégradation de leur état de santé. En Allemagne, des centaines de plaintes ont ainsi été déposées, notamment contre BioNtech, start-up allemande spécialisée dans la biotechnologie, qui s’est fait connaître pour avoir mis au point, en partenariat avec le laboratoire américain Pfizer, un des vaccins à ARN messager contre le virus.
Le tribunal de Hambourg vient ainsi de commencer à étudier ces nombreuses réclamations, et ce sont les juges allemands qui devront déterminer si un lien de causalité peut être invoqué entre le vaccin et les symptômes signalés.
Plus de 300 000 signalements d’effets secondaires
Une des plaignantes explique ainsi ressentir des « douleurs dans la partie supérieure du corps, gonflement des extrémités, épuisement, fatigue et troubles du sommeil » depuis qu’elle a reçu le vaccin de BioNtech/Pfizer. Des troubles, peu spécifiques, qui la handicaperaient fortement dans sa vie professionnelle, comme l’a affirmé son avocat Tobias Ulbrich auprès de nos confrères de l’AFP. Ce médecin, qui a indiqué ne plus pouvoir « travailler le même nombre d’heures » qu’auparavant, réclame 150 000 euros au laboratoire.
D’autres pétitionnaires ont également déclaré souffrir de symptômes ou affections inexistants avant leur vaccination : thrombose, maladies cardiaques… L’institut Paul Ehrlich a ainsi reçu pas moins de 338 857 signalements d’effets secondaires présumés, dont 54 879 qui ont été jugés « graves ». Cependant, dans le cadre d’une campagne de vaccination aussi massive (autour de 80 % des allemands adultes vaccinés), la survenue de différentes pathologies, elles aussi relativement fréquentes, est totalement attendue.
Pour le laboratoire BioNtech, « aucune relation causale entre les troubles de santé décrits et la vaccination n’a été prouvée dans les cas examinés ». L’AFP rapporte que la start-up allemande souhaite, en tout état de cause, « prendre ses responsabilités » et « examiner chaque cas individuel avec soin, sur la base des informations disponibles ».
Un rapport causal loin d’être évident à démontrer
La tâche s'annonce ardue pour les requérants, tant prouver le lien de causalité entre vaccin et effet secondaire n’a rien d’une promenade de santé. « [C’est] un long chemin semé d’embûches », reconnaît volontiers l’avocat Joachim Cäsar-Preller, qui représente 140 plaignants dans des poursuites similaires.
Outre la difficulté de prouver le lien de causalité, selon la loi allemande, l’engagement de la responsabilité des fabricants n’est possible que si les effets secondaires dépassent « un niveau justifiable selon les connaissances de la science médicale ». En d’autres termes, le préjudice doit être suffisamment grave.
Mais, pour Kathrin K., une des requérantes citées par l’AFP, la dégradation de son état de santé est telle qu’elle pense bien pouvoir remplir les conditions en question. Elle explique ainsi avoir perdu 25 kilos en dix jours juste après l’injection du vaccin et avoir dû subir diverses opérations des intestins.
Néanmoins, avant de se prononcer sur le prétendu lien de causalité entre ces dommages allégués et l’inoculation du vaccin, le tribunal de Hambourg devra tout d’abord répondre à une interrogation d’ordre procédural, les avocats des parties civiles estimant que le juge unique désigné dans cette affaire n’est pas impartial. Ils ont donc demandé à ce que le procès soit dirigé par un collège de magistrats spécialisés dans les questions de santé.
La surveillance de la vaccination partout dans le monde semble exclure que des effets secondaires graves non identifiés soient passés à travers les radars et il est probable que l’issue de ce type de procès déçoive très profondément des requérants, dont les souffrances ne sauront trouver un apaisement dans des démarches judiciaires illusoires.
Raphaël Lichten